« Green Talks » est une série des débats publics (Talks) sur les thèmes qui touchent notre environnement (Green). C’est un concept développé et lancé conjointement par Ecofund et l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) à Dakar, Sénégal.
Déchets plastiques, pollution de la Baie de Hann, érosion côtière, des problèmes environnementaux qui touchent les pays africains comme Sénégal. Pourtant, les solutions semblent à portée d’une main.
Les « Green Talks » ont pour objectif de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.
Selon le public, les Green Talks sont « une rencontre entre ceux qui veulent mais ne peuvent pas et ceux qui peuvent mais ne veulent pas ». Les Green Talks sont un appel à l’action.
Ecofund est une aventure collaborative qui rassemble la recherche scientifique, l’art, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, ainsi que le potentiel collectif qu’offrent l’Internet, les réseaux sociaux et le financement participatif (crowdfunding).
Chez Ecofund nous croyons que préserver notre planète n’est pas une mission impossible mais un défi à la portée de tous. « Chacun de nous à la mesure de son budget, de son talent, et de ses connaissances, peut agir pour protéger notre nature. Ensemble, nos petits efforts ont un grand impact positif sur notre environnement. »
Ecofund est le résultat de ce que des gens passionnés peuvent réussir ensemble.
Votre don nous permettra de couvrir les frais liés à la post-production de chaque édition des Green Talks : publication en français et anglais des résumés et conclusions.
Selon les dons reçu au final, nous souhaitons publié un livret très concis des « Green Talks » avec les résumés et conclusions sur tous les thèmes, afin qu’il constitue un plaidoyer pour l’action concrète au Sénégal et les pays voisins concernant leur problèmes environnementaux.
Professeur Adams Tidjani est responsable du Master Professionnel en Environnement (HQSE) à la Faculté des Sciences et Techniques à l’Université de Dakar (UCAD).
Il est membre fondateur de l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) à Dakar, Sénégal. Il est également fondateur du magazine sur l'environnement "VIE" et assure la direction de sa publication.
Professeur Tidjani anime les éditions de « Green Talks ».
Le quatrième « Green Talks » s’est tenu mercredi 27 mai 2015 autour de la thématique « La Gestion des Ordures Ménagères ».
Rappelons que les « Green Talks » ont été lancés par ECOFUND en collaboration avec l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) afin de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.
Ainsi, lors de ce Green Talks qui a vu la participation de l’Entente CADAK’CAR, du Programme National de Gestion des Déchets (PNGD) et d’un expert commandité, la problématique de la gestion des déchets ménagers a été adressée en présence d’un grand public.
Les débats ont débuté par un constat récurrent de la mauvaise gestion des déchets ménagers (dépotoirs, dépôts clandestins, manque de ramassage, etc.) à travers les différents villes et collectivités du Sénégal en particulier au niveau de la ville de Dakar. Ceci reflète une mauvaise gestion avec de nombreuses conséquences et risques sur le plan de l’environnement, la santé et du cadre de vie.
Cette mauvaise gestion récurrente des ordures ménagères est en grande partie due au manque de stabilité du secteur. Cette instabilité est multiple puisqu’elle est :
- d’ordre institutionnel : depuis une dizaine d’années les changements de personnes au sein du Ministère en charge des déchets empêchent l’élaboration d’une stratégie sur le moyen-long terme et l’échange structurant avec les communautés locales. Les agences ne capitalisent pas assez leurs acquis ;
- d’ordre technique : la gestion des déchets se limite à la collecte, au transport et à l’élimination au niveau de décharges provisoires. Il n’y a pas de valorisation des ordures ménagères du fait du manque d’infrastructures et de mécanismes pour cela ;
- d’ordre financier: pas de pérennité dans le système de subvention pour la ville de Dakar (bénéficiant d’un statut spécial) par l’Etat et les collectivités locales bénéficiant de la Taxe sur les Ordures Ménagères (TOM). Par conséquent les communes ne disposent pas de capacité d’autofinancement et de moyens suffisants à tous les niveaux techniques financiers. Ces difficultés reflètent l’important problème de recouvrement de la TOM (seuls 1,9 milliards de Francs CFA soit près de 2,9 millions EUR, sont recouvrés au Sénégal en raison d’une fiscalité qui n’est pas déconcentrée au niveau des collectivités locales, de l’insuffisance des recettes et de la répartition inégale de la subvention de l’Etat destine à la gestion des déchets ;
- d’ordre managérial : l’absence de cadre juridique a toujours favorisé les grèves récurrentes dans le secteur. Aujourd’hui, il existe une convention collective qui permet de « sécuriser » les techniciens de surface dans leur travail (couverture médicale, retraite, sécurité sociale, …) ;
- d’ordre comportemental : mauvais comportements des citoyens par rapport à la gestion des déchets.
A l’issue des échanges, des suggestions et pistes de solution ont été proposées et concernent entre autres :
1. la nécessité de réformer le cadre juridique pour une meilleure mise en œuvre de la gestion des déchets ménagers ; en effet il est urgent de revoir la règlementation qui date de 1974 !
2. la reconsidération de la chaîne de taxation de la TOM ;
3. la création d’un système d’autofinancement pérenne de la gestion des déchets ménagers ;
4. la mise en place et la réglementation de la redevance (sans fondement juridique pour le moment) qui semble plus avantageuse que la taxe ;
5. la mise en place de mécanismes de calculs durables, efficaces et fiables de la redevance qui devront être légiférés et généralisés au niveau des collectivités locales pour inciter le citoyen à être redevable ;
6. étudier la faisabilité de la mise en place d’une écotaxe pour la valorisation des déchets;
7. la prise en charge par l’Etat du Sénégal de la mise en place d’infrastructures au niveau des collectivités et par conséquent des quartiers ;
8. la mise en place d’une approche filière (triage de déchets) par la création de zones tampons réceptives afin d’éviter les décharges clandestines ;
9. l’appui technique aux collectivités locales à travers la formation sur les compétences (métiers des déchets) avec les parties prenantes ;
10. la sensibilisation, l’information et l’éducation des citoyens pour amener d’une part ces derniers à repenser leur mode de production des déchets (cf. mode de consommation) et d’autre part, penser à des solutions simples et basiques de valorisation (le recyclage dans une moindre mesure) des déchets pour une meilleure prise de conscience citoyenne ;
11. la réhabilitation du service d’hygiène pour un retour des bonnes pratiques des citoyens ;
12. la valorisation du travail de technicien de surface par une meilleure convention collective.
En conclusion, nous pouvons déduire que par rapport à la problématique de la gestion des déchets et à la suite du débat que :
- il demeure impératif que le ministère de l’Environnement et les départements techniques concernés ainsi que les collectivités locales, les populations riveraines et les associations œuvrent pour une synergie dans leurs actions ; l’implication des citoyens à travers leurs représentants politiques locaux est déterminante pour pousser déjà à la révision du cadre légal obsolète et trop permissif par rapport à la situation actuelle (augmentation des déchets et faiblesse des mesures de traitement).
- il est aussi nécessaire d’adapter des mesures fiscales incitatives permettant le tri efficace des déchets, leur valorisation et par conséquent leur meilleur recyclage;
Le débat a ainsi permis d’apporter aux participants une meilleure connaissance de la problématique de la gestion des déchets au Sénégal.
Le troisième « Green Talks » s’est tenu mercredi 29 avril 2015 autour de la thématique « Érosion côtière : phénomène naturel ou causé par l’homme ?! ». Rappelons que les « Green Talks » ont été lancés en collaboration avec l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) avec pour objectif de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.
Selon le public, les Green Talks sont « une rencontre entre ceux qui veulent mais ne peuvent pas et ceux qui peuvent mais ne veulent pas ».
Le débat sur l’érosion côtière semble bien refléter cette approche. En effet, les représentants du secteur touristique, des propriétaires et gérants des hôtels de la station balnéaire de Saly sur la petite côte du Sénégal, ont partagé leur expérience sur la petite côte : ils ont mis en exergue les manquements pour une gestion participative et efficace de l’érosion côtière.
La situation des hôteliers à Saly est représentative des conséquences socio-économiques de l’érosion côtière que vivent les promoteurs de tourisme mais également la population sur la côte sénégalaise : en l’espace de seulement 10 ans, l’hôtel Espadon a perdu toute sa plage et a été obligé de fermer ses portes ; 39 de ses employés permanents et 40 saisonniers sont au chômage. Le gérant de l’hôtel Teranga à Saly se souvient qu’en 2002 la superficie de sa plage a permis à l’équipe nationale de football de s’entrainer avant de partir à sa première coupe de monde au Japon, où ils ont battu la France et se sont qualifiés pour les quart de finale. Aujourd’hui, 12 ans après, la plage ne permet même pas de faire un fitness sur place, elle mesure 0 cm !
Pourtant, selon l’expert géologue et le représentant du Centre Expérimental de Recherche et d'Etude pour l'Equipement (CEREEQ), M. Lô, les conséquences de l’érosion côtière sont réversibles mais surtout évitables. Il cite notamment les exemples réussis des Pays Bas, du Japon, mais également de la Grande Mosquée à Casablanca au Maroc. Selon lui, certes, l’érosion côtière est un phénomène naturel, mais c’est un phénomène accentué par l’homme : la première digue du port de Saly a entamé le processus destructif de la petite côte.
Ainsi, des solutions existent ! Cependant les solutions durables devraient prendre en compte la dynamique marine de tous les pays de la zone côtière de l’Afrique de l’ouest.
Qu’attendons-nous pour les mettre en pratique ? Moyens financiers, moyens humains, moyens logistiques sont certes nécessaires mais il faut surtout une réelle volonté politique.
Les solutions ne peuvent être trouvées que dans le cadre d’un plan d’aménagement territorial bien pensé et impliquant tous les acteurs. C'est ainsi qu’une vision globale peut naître avec toutes les parties concernées. Faute de cette démarche globale, les hôteliers ont dû se battre individuellement contre l'érosion en adoptant des solutions qui se sont malheureusement avérées autodestructives, car déplaçant l’effet d’érosion côtière le long de la côte.
Pourtant l’autorité administrative représentée par M Ba, Directeur adjoint de la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classées (DEEC) a évoqué l'existence d'une vision globale à travers un projet de restauration et de protection côtière des plages de Saly d’un coût total de 22,0 millions de USD financé par la Banque Mondiale. A terme, il est attendu que 9 brise-lames soient construits pour protéger 1, 5 km de la côte de Saly. En outre, un projet de loi sur le littoral a été élaboré, qui – selon le Ministre de l’environnement Abdoulaye Baldé - devrait réglementer l’extraction du sable marin et les activités côtières.
Cependant, Monsieur Bâ, confirme que les besoins sont énormes et urgents. Selon le Ministère de l’environnement, plusieurs villes du Sénégal sont menacées de disparition.
Tous les participants sont d’accord sur le fait que depuis bientôt 10 ans le phénomène de l’érosion côtière est connu au Sénégal et que l’adaptation est possible. Il faut désormais passer à l’action concrète avec des responsabilités clairement définies et attribuées. Cette action doit commencer par l’élaboration d’une solution globale et concertée entre le gouvernement, les scientifiques, la société civile et le secteur privé.
Ainsi, la 3ème édition de nos Green Talks a dégagé des conclusions qui pourraient servir de base à une solution globale :
Au niveau légal et règlementaire
- Il ne faut pas « se voiler la face » : le fait que le gouvernement ait sauvé quelques mètres de plage n’est que le début de la lutte. Il faut une solution globale visant le long terme ;
- Une solution globale passe par l’aménagement du territoire qui prendra en compte aussi bien le phénomène naturel d’érosion côtière que les conséquences des actions de l’homme ;
- La loi sur le littoral doit être multisectorielle en y intégrant outre le secteur environnemental, la dimension sociale et économique ainsi que l’aménagement du territoire ;
- Tout nouveau projet touristique sur la côte, en particulier celui de la station balnéaire sur la Pointe Sarène, inscrit dans le Plan Emergent du Sénégal, doit capitaliser l’expérience de l’érosion côtière à Saly ;
Au niveau des actions concrètes :
- Lancer la construction de brises lames dûment étudiées par des experts ;
- Valoriser (de façon contrôlée) la côte avec la participation des usagers et du secteur privé, p.e. créer des espaces verts publics de recréation ;
- Reboiser la côte et ainsi améliorer la fixation du sable cruciale pour amoindrir l'érosion côtière, ce que peut très bien compléter l’action n°6 ci-dessus ;
Le débat a ainsi permis d’une part d’apporter aux participants une meilleure connaissance de la problématique de l’érosion côtière au Sénégal et des solutions à y apporter. D’autre part, le public a eu un meilleur aperçu des actions entamées jusqu’à ce jour par le gouvernement et le secteur privé. Travaillons pour que la loi sur le littoral soit favorable aux solutions citées ci-dessus et soit effectivement respectée.
Le second « Green Talks » s’est tenu le mercredi 25 mars 2015 autour de la thématique « La Baie de Hann, un ATOUT pas un EGOUT ». Rappelons que les « Green Talks » ont été lancés en collaboration avec l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) avec pour objectif de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.
Ainsi, ce Green Talks a vu la participation des représentants de l’Office National de l’Assainissement (ONAS), de la Mairie de Hann Bel Air, du Bureau de Mise à Niveau des petites et moyennes Entreprises (BMN), de la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC), de la mairie de Hann Bel Air, de la société civile par la présence de l’association « Hann bay keeper » mais aussi du groupe sénégalais « les Frères Guissé » initiateurs du festival Environnement et Culture pour la baie de Hann.
Les intervenants ont exposé leurs vues sur les défis de la dépollution de la baie de Hann, en présence du public venu nombreux. Rappelons que la baie de Hann, jadis l'une des plus belles plages du Sénégal, est aujourd’hui un des endroits les plus pollués d'Afrique de l’Ouest. Autrefois première baie sableuse du monde, la baie de Hann s’étend sur 13 km à partir du port autonome de Dakar (PAD), pour une population riveraine estimée à 500 000 habitants issue des communes de Mbao, Diamaguène, Sicap Mbao, Dalifort férail. Elle est aujourd'hui la première zone industrielle de l’Afrique de l’Ouest représentant entre 70 à 80% du tissu industriel du Sénégal.
La pollution de la baie de Hann a pour origines d'une part celles causées par les industriels et les populations riveraines elles-mêmes qui rejettent les déchets solides et liquides sur les rivages, et d'autre part la pollution marine (déchets dérivants, prolifération d'algues marines en putréfaction, etc.) due aux courants marins se dirigeant vers la Baie et y faisant converger les déchets de la côte. L’ONAS a ainsi été interpelée sur le fait qu’il n’y a pas de systèmes différenciés d’assainissement de la ville de Dakar sur la baie de Hann, les évacuations des eaux de pluies et des eaux usées étant rassemblées dans les canalisations gérées par l'ONAS, tandis que la compétence de gestion des canaux est dévolue à la mairie. La discussion a clairement mis en relief le problème de responsabilité des collectivités locales, souvent source d'inertie!
Il est aussi ressorti des interventions des panélistes que le projet de dépollution de la baie de Hann est sur la bonne voie car :
- les sources de pollution de la Baie sont connues et maîtrisées par l’expertise nationale en particulier universitaire ;
- les industries en cause ont été recensées (5 entreprises de la zone ont été identifiées comme étant à l’origine de 70% de la pollution), et toutes les études de courantologie, de dispersion, de caractérisation des rejets industriels sur la baie de Hann et l’analyse des systèmes de tarification à appliquer, ont déjà été réalisées ;
En revanche, les problèmes qui risquent de retarder le projet ont été évoqués à savoir :
- le défaut de communication et d’implication des populations riveraines, des collectivités locales, des départements techniques publiques, et des associations œuvrant à la recherche de solution de la pollution de la baie de Hann ;
- l’absence de partage et de diffusion des résultats de la recherche scientifique notamment auprès des techniciens et décideurs publiques, ainsi que l'insuffisante sollicitation de l'expertise locale dans le projet par rapport à l’expertise étrangère ;
- le problème de canaux d’évacuation des eaux d’assainissement non différenciés et des canaux clandestins mis en place par les populations riveraines (comportements non adaptés) ; par exemple le projet de dépollution ne cible que les déchets liquides mais toute la problématique des déchets solides reste à traiter!
A l’issue des échanges, des suggestions et pistes de solution ont été proposées et concernent entre autres :
- l’implication de tous les acteurs concernés à savoir l’Etat du Sénégal (démembrements concernés) – les Industries, les Populations riveraines – les Collectivités locales – les Associations – pour une approche participative, et les partenaires financiers pour encourager les efforts ;
- la responsabilisation des populations riveraines qui, à force de comportements non adaptés, contribuent à la pollution continue de la baie; il est crucial de les informer de l'importance des dégâts causés par leur pollution notamment avec le rejet sauvage de leurs déchets solides ;
- l’incitation des industries à adhérer au projet de dépollution de la baie de Hann grâce à des conseils techniques et des aides financières (tels que ceux proposés par le Programme de Mise à Niveau des entreprises). Ceci permet aux entreprises de mettre en place leur propre système de prétraitement de leurs eaux usées avant transmission dans le collecteur principal qui sera mis en place dans le cadre dudit projet et qui sera relié à la future station d’épuration avant rejet en mer via un émissaire de 3 km de long ;
- le respect des normes en vigueur via le code de l'environnement du Sénégal (en particulier la norme NS 05/61 qui porte sur les effluents liquides), le suivi semestriel au niveau des industries d’un paramètre de pollution appelé la Charge Polluante des eaux usées à partir de laquelle une taxe sur la charge polluante sera établie et qui contribuera aux charges de fonctionnement de la future station d’épuration qui sera construire dans le cadre de ce projet; les sanctions devraient être appliquées de manière plus effective.
- le recours au transfert et à la vulgarisation des résultats des recherches scientifiques de l’expertise nationale ;
- la mise en place d'un programme d’information, d’éducation et de communication (IEC) environnementales au sein des collectivités locales et des écoles dans le but d’inciter les populations locales (et surtout les futures générations) à changer de comportements ;
- le besoin de rassurer les populations sur le projet au fur et à mesure de son exécution, et surtout de les informer sur l'utilité et les risques de l'émissaire à 3 km de la mer.
Le débat a ainsi permis d’une part d’apporter aux participants une meilleure connaissance de la problématique de la pollution de la Baie de Hann et de son projet de dépollution qui devrait, après trop d'années de retard, démarrer en août 2015. D'autre part cela a permis de se rendre compte de deux choses :
L'atout Numéro un de la Baie de Hann reste sa population riveraine!
LA BAIE DE HANN EST UN ATOUT MAIS PAS UN EGOUT.
Ce mercredi 25 février, l’IMEM et Ecofund ont inauguré les « Green talks ». Il s’agit d’une série de débats publics (Talks) chaque dernier mercredi du mois sur les thèmes qui touchent notre environnement (Green). L’objectif est de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.
Pour le premier « Green Talks » consacré au thème « sacs en papier ou sacs en plastique », un thème d’actualité au Sénégal, le public a répondu à notre appel avec une vive participation au débat. Quant aux panélistes, il y avait des acteurs de l’industrie, des représentants de l’Etat et de la société civile.
Le Prof. A. Tidjani a ouvert le débat en revenant sur les avantages du plastique (adaptabilité, sécurité, moins énergétivore, coût de vente faible, et même parfois gratuit, …) qui ont conduit à son utilisation intensive dans tous les secteurs d’activité, entrainant ainsi un problème environnemental : la dissémination des plastiques dans l’environnement. La présence des déchets plastiques dans notre environnement a des impacts désastreux : impact visuel, impact sanitaire, impact sur la biodiversité, …
Pour Ibrahima Hawili, directeur général de la Simpa, entreprise créée en 1958 et spécialisée dans la fabrication d’emballages en plastique, on présente trop souvent la question sous le prisme d’une opposition entre les industriels et l’environnement. Cependant il est important de « situer les vrais responsabilités et de privilégier le dialogue ». M. Hawili dénonce le fait d’être « montré du doigt » en tant que fabricant de plastique alors que les déchets plastiques que l’on voit partout au Sénégal sont constitués de sachets noirs à bretelles qui ne sont pas fabriqués au Sénégal mais importés sans aucun contrôle par les pouvoirs publics. En plus, on ne peut pas nier que les industriels du plastique sont créateurs d’emplois, la filière plastique à elle seule représente au Sénégal plus de 300 milliards FCFA/an.
Pour Yves Crémieux, directeur général de l’entreprise Rufsac, créée en 1978 à Rufisque et spécialisée dans la fabrication de sacs en papier, la production de sacs en papier à partir d’une matière naturelle et biodégradable est un atout. De surcroit, en fin de cycle de vie, le sac en papier peut être recyclé pour l’emballage, la combustion, etc. Toutefois cette industrie nécessite des investissements très importants et dépend de la disponibilité de l’eau et du bois. Le public a réagi en mettant en doute la qualité de l’eau rejetée suite au processus de fabrication mais aussi en évoquant les effets dévastateurs possibles d’une telle industrie sur les forêts. Pour Y. Crémieux, il faut une exploitation raisonnée, ce qui permet aux propriétaires de forêt d’obtenir le label environnemental Forest Stewardship Council (FSC), qui assure notamment que la production de bois respecte les procédures censées garantir la gestion durable des forêts.
Pour revenir au titre du débat « sac en plastique ou sac en papier », il existe un enjeu entre le papier et le plastique mais il n’y a pas de guerre entre ces deux secteurs. Le papier est une des alternatives possibles mais pas un produit de substitution. Le sac en papier peut néanmoins contribuer à réduire la prolifération de sachets plastiques dans les villes et villages du Sénégal.
Au moment de notre débat - quelle coïncidence - le conseil des Ministres a approuvé le projet de loi interdisant la fabrication et la vente de sachets inférieurs à 30 microns (les sachets noirs) et la distribution gratuite de tous les sachets plastiques. Selon M. Hawili et D. Ba secrétaire général de l’UPIC (organisation du patronat sénégalais CNP rassemblant les industriels), ce projet de loi a été élaboré avec l’adhésion des industriels du plastique.
En outre, le secteur privé contribue à la réduction des déchets plastiques ; par exemple, l’entreprise Simpa effectue des recherches pour produire des plastiques biodégradables, et a recyclé 3.200 tonnes de plastique en 2014. Simpa vient également de lancer un réseau de recyclage baptisé Recuplast à Sicap Mbao pour un investissement de 3,5 millions €. D’autres initiatives existent comme celle de Thiès avec le réseau Proplast qui compte plus de 1.800 collecteurs. Cela est bon à savoir !
En parallèle, que faisons-nous « nous », citoyens et usagers de plastique ?
Vers la fin du débat, pour l’ensemble des intervenants, il ne fait aucun doute que le problème du plastique n’est pas la production en soit et ne se limite pas aux sachets. Il concerne aussi les bouteilles d’eau et les tristement célèbres gobelets de café Touba jetés trop facilement ici et là …
Au-delà de la dégradation de l’environnement, c’est ce genre des comportements qui rend la collecte difficile et coûteuse, et par conséquent limite le recyclage des déchets plastiques.
Nous tous sommes d’accord qu’il faut changer du comportement, qu’un enseignement de l’écologie ou tout du moins des gestes basiques de protection de l’environnement sont nécessaires : arrêter de jeter tout et n’importe quoi dans la rue sans se préoccuper de la gêne occasionnée (pollution visuelle, obstruction des regards d’évacuations des eaux pluviales, empoisonnement de la terre et des animaux ruminants…).
En conclusion, il ressort des discussions :
- que tous les acteurs, les industriels, les pouvoirs publics et la société civile sont favorables à la loi interdisant les sachets plastiques fins ;
- qu’il faut interdire la gratuité des sachets plastiques, afin « d’internaliser » - selon le principe « pollueur-payeur » - les coûts de collecte et de recyclage ;
- cela permettra de mieux valoriser les déchets plastiques pour développer une économie verte et créer des emplois ;
- avant tout et dès maintenant, il faut responsabiliser le consommateur à changer son comportement : jetons nos déchets à la poubelle et pas dans la nature ;
Le débat a ainsi permis d’apporter aux participants une meilleure connaissance de la problématique des déchets plastiques et du projet de loi sur les sachets plastiques. Celui-ci a été certes adopté le même jour au Conseil des Ministres, mais il reste encore à ce qu’il soit ratifié par le Parlement et surtout qu’il soit effectivement respecté.