Le Parc National du Banc d'Arguin en Mauritanie est une zone majeure de reproduction pour les oiseaux d’Afrique et un parfait abri pour les oiseaux migrateurs d'Europe : plus de 6 millions d'oiseaux traversent le Parc pendant les migrations et plus de 2 millions d’entre eux y passent tout l’hiver ! Avec son association des Amis du Parc, Sidi, le champion du projet, s’investit depuis longtemps dans la protection et la gestion durable de ce patrimoine naturel. Aujourd’hui, Sidi cherche à installer deux observatoires d’oiseaux dans le Parc pour faire découvrir aux populations locales, et en particulier aux jeunes, leur environnement exceptionnel. C’est pourquoi les deux observatoires seront installés près de l’école primaire de son village, Iwik, l’un des neuf villages du Parc. « Aussi, cette action contribuera au développement de l’écotourisme en valorisant ce patrimoine naturel. Le projet permettra tant la sauvegarde du patrimoine écologique local et global (oiseaux migratoires) que le développement de l’écotourisme, au bénéfice de l’économie locale » Sidi Ely.
Je m’appelle Sidi Ely. Je suis Imraguen, écoguide et Président de l’Association des Amis du Banc d’Arguin en Mauritanie. J’habite à IWIK, un des 9 villages du Parc. Je suis également gérant d’un campement éco-touristique, où j’ai installé des panneaux solaires pour l’éclairage ainsi que des chauffe-eaux solaires. En plus, avec les habitants de mon village, nous nettoyons régulièrement la plage des déchets rejetés par la mer. Avec mon association, ma famille, mes collègues et mes amis, nous essayons de valoriser ce parc, qui est notre patrimoine naturel et culturel.
Grâce à votre don, nous disposerons d’un des deux observatoires en bois qui sera construit localement. Il sera installé en respectant la distance nécessaire pour ne pas perturber les oiseaux. Votre don me permettra aussi de mettre en place des panneaux d’information et d’acheter 3 paires de jumelles pour sensibiliser les visiteurs et la population à leur patrimoine ornithologique. En particulier, votre soutien permettra à la jeunesse de notre village de mieux connaître les différentes espèces d’oiseaux et de valoriser et protéger ainsi son exceptionnel patrimoine naturel. Pour ce projet, Sidi bénéficie du support technique de l’administration du Parc National du Banc d’Arguin, et notamment de son Géomaticien, Sidi Cheikh, son écopartenaire.
RAMPAO est un réseau régional des Aires Marines Protégées (AMP) en Afrique de l’Ouest.
Son rôle est d’améliorer la gestion des AMP par la recherche et le développement de connaissances, la formation, la diffusion d'outils, la facilitation des échanges et la recherche de mécanismes de durabilité financière
RAMPAO et ECOFUND ont décidé d’unir leurs efforts, afin de mieux contribuer à la protection de la biodiversité en Afrique de l’Ouest.
Ensemble nous visons la promotion des projets et des campagnes de communication pour la protection et la gestion des Aires Marines Protégées (AMP) en Afrique de l’Ouest.
… faire partie d’un succès. Rejoignez aujourd’hui la communauté d’Ecofund !
Quand pour la première fois en 2011 en Mauritanie Antonio m’a présenté Sidi Ely and Sidi Cheikh, j’ai appris que les deux hommes partageaient un rêve : installer un observatoire d’oiseaux à Iwik.
Il vous faut savoir, que Iwik est un des neuf villages du Parc National du Banc d'Arguin en Mauritanie ; une zone majeure de reproduction pour les oiseaux d’Afrique et un parfait abri pour les oiseaux migrateurs d'Europe. Des touristes du monde entier viennent visiter le PNBA et observer ses oiseaux migratoires, mais les enfants résidants dans le Parc ne connaissent pas leur environnement et les différentes espèces d’oiseaux. C’est pourquoi, Sidi Ely et Sidi Cheikh - tous les deux pères de famille - ont décidé de joindre leurs efforts pour installer un observatoire d’oiseaux à Iwik. « Les jeunes de Iwik sont les gardiens de Parc du demain » ils disent.
Aujourd’hui, grâce au soutien de la communauté d’Ecofund, des amies de l'Allemagne, du Sénégal, de la Pologne, de la France ... ainsi que l’Association des Amis du Banc d’Arguin, l’administration du Parc (Merci au Directeur M. Dagana) et la FIBA, le rêve de Sidi Ely et de Sidi Cheikh est devenu réalité.
Et vous, vous faites partie de ce succès. Profitez des photos !
Voici notre champion, Sidi Ely, Président de l’Association des Amis du Banc d’Arguin, qui réceptionne le 9 octobre le matériel destiné à l’observatoire d’oiseaux à Iwik.
Un grand merci à tous les parrains du projet !
Chers Amis,
Lors de mon retour d´Iwik le 4 octobre dernier, j´ai eu l´occasion de réceptionner les jumelles et le télescope que vous nous avez fait parvenir. Le PNBA s´est chargé des procédures douanières et les agents du Parc m´ont remis le carton comme vous pouvez le voir sur les photos.
Je suis très heureux, car maintenant nous pourrons véritablement mettre en place des activités d´observation ornithologiques à Iwik.
Au nom de l´Association des Amis du Banc d´Arguin, je tenais sincèrement à remercier la communauté Ecofund et toutes les personnes qui nous apportent leur soutien.
Sidi Ely, Président de l´Association des Amis du Banc d’Arguin (AABA)
et notre champion du projet "Observatoire d'oiseaux" en Mauritanie
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
« Je suis d’une famille de charpentier. La moitié de la flotte du Banc d’Arguin a été construite par mon père, aujourd’hui décédé. Il s’appelait Boughari Ould Louli. Il travaillait avec les espagnols, avant la création du Parc. J’ai appris le métier avec lui, naturellement ! Nous n’avions pas les mêmes codes de fabrication que ceux de l’atelier du Parc. J’ai adopté la façon de faire de mon père mais avec des outils plus modernes. J’ai commencé à travailler sur les lanches pendant les grandes vacances, quand je rentrais au village. Pendant le reste de l’année, j’étais à l’école à Nouhadibou ou à Nouakchott. A quatorze ans, j’ai commencé ma première lanche en solo. Aujourd’hui, j’ai vingt-six ans et je suis le plus jeune charpentier de R’Gueiba. On peut très bien fabriquer une lanche tout seul. Dans ce cas, il faut compter quatre à six mois. C’est ce que je préfère.
J’ai beaucoup pêché, aussi, et je pourrais être capitaine. Mais je ne veux pas faire comme certains cousins qui ont abandonné le travail de charpentier pour celui de pêcheur. Tant que le métier de charpentier de lanche existera, je le ferai, car c’est ce que je préfère. Le bénéfice du charpentier est d’environ 400.000 ouguiyas par lanche. C’est sérieux. Il est indispensable d’aller à l’école avant de penser à être charpentier. Pour savoir faire des lanches, il faut une certaine éducation, de l’intelligence et de l’instruction. »
Bonne nouvelle ! Grâce à vos dons, nous avons pu comme prévu acheter des jumelles et un télescope pour l’observatoire d’oiseaux à Iwik !
Nous avons le plaisir de vous annoncer que le matériel est maintenant arrivé à Nouakchott et la FIBA, notre écopartenaire pour le projet de Sidi, est en train de s’occuper des procédures douanières.
En même temps, le peintre naturaliste allemand, Christopher Schmidt, travail sur les affiches d'oiseaux du Banc d’Arguin pour l’observatoire. Elles serviront à informer les touristes et notamment les jeunes imraguen sur leur patrimoine naturel exceptionnel.
On vous tient au courant !
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
Abou Malal Bâ veille jour et nuit sur la santé des Imraguen. Et s’il le pouvait, il les soignerait bien tous. Mais il n’a que deux mains, et sans le don d’ubiquité, il lui est bien difficile de traiter dans la même journée une plaie à Mamghar et une pneumonie à Agadir, en passant par une insolation en pleine badia. Abou a bien peu de concurrence sur le Banc d’Arguin. Il est, en vérité, le seul agent de santé diplômé de la commune de Mamghar, laquelle englobe les neuf villages du Parc. L’organisation Pharmaciens sans frontières a pourtant appuyé un stage de formation, il y a quelques années. L’objectif était d’initier une ou deux personnes, par village, au B.A.- BA des soins et premiers secours.
Abou était d’ailleurs l’un des formateurs. Mais faute de moyens et de compensation, les bénévoles villageois ont mis de côté leur noble mission, ou bien sont partis compléter leur instruction sous d’autres cieux. Lorsqu’on est agent de santé communautaire, on ne reçoit rien de l’Etat, on reste tributaire des efforts volontaires de la communauté villageoise. Question de principe. L’idée est belle, certes, mais n’est pas facile à vivre pour les agents qui voient leur motivation initiale fondre, telle une peau de chagrin, devant le peu de reconnaissance sonnante et trébuchante.
Les villageois ont du mal à croire aux nouveaux pouvoirs de leur camarade de pêche. Tout cela est bien dommage, et n’allège pas la tâche d’Abou. Loin d’être découragé, il a toujours de nouvelles idées. La dernière : effectuer des tournées en badîa, en équipe avec un agent du Parc, pour la logistique. Ils ont commencé, et Abou est emballé par les résultats : soixante et onze consultations en deux jours, sans compter les vaccinations ! Evidemment, on ne peut pas faire ça tous les jours, pendant la tournée, on est bien obligé de fermer le poste de santé de Mamghar… Il vaudrait vraiment un deuxième agent.
Quant aux pathologies rencontrées, Abou énumère ainsi les plus courantes : pneumopathies, conjonctivites, diarrhées, accidents de pêche, dont de fréquentes déchirures dues aux hameçons. L’agent de santé pratique aussi les accouchements.
L’infirmier constate que les cas de malnutrition sont rares. C’est vrai, les légumes font défaut, mais le poisson est un aliment tellement riche et presque complet… Le manque d’eau constitue d’avantage un problème, surtout pour les tout jeunes enfants…
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
Arkeiss, premiers jours de mai. La pêche à la courbine bat son plein et le village vit au rythme du débarquement des lanches venues de tout le Banc d’Arguin. À l’intérieur de la maison du jeune chef, mères, filles et vieux pêcheurs échangent sur l’autre manne du village : le tourisme. Bribes de conversation:
« Le tourisme est une bonne chose pour les gens d’Arkeiss. Ce qui nous dérange est minime comparé aux avantages. Ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi une question de mouvement. Cela fait bouger le village, c’est très vivant. L’argent, on peut l’avoir autrement. Vraiment, ce n’est pas le motif principal. »
« Il faut continuer à recevoir les touristes à la façon mauritanienne mais, quand même, il faut en plus des douches et des sanitaires, une vraie cuisine. Il faut qu’on s’améliore. »
« Il nous faut un magasin en dur pour ranger le matériel, le mettre à l’abri du vent, du sable, de l’eau. Et pour protéger les touristes, au cas où…»
« Il y a deux ans, vous vous souvenez, nous avons eu un cyclone en septembre. On a dû loger les touristes chez nous, les khaïma s’étaient envolées et, avec elles, tout le matériel. On a trouvé des matelas jusqu’au Cap Tegara, plusieurs jours après ! »
« Je me souviens que les touristes étaient très inquiets pour nous, les villageois… Et nous, nous étions inquiets pour eux, et pour leurs affaires. La tempête a duré plusieurs heures. Vraiment, il nous faut un bâtiment en dur… »
« Nos touristes sont plus honnêtes qu’avant. Depuis la construction de la route Nouadhibou- Nouakchott, les malfrats, voleurs de voitures et trafiquants en tout genre ne passent plus par Arkeiss. Tant mieux, car on en a vu plusieurs qui partaient avant l’aube sans payer. »
« Et puis, on a nos visiteurs fidèles et réguliers. Surtout des résidents de Nouakchott qui viennent passer les fêtes ou les grands week-ends ici, à Arkeiss. Ils viennent avec leurs hôtes et l’on fait connaissance. »
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
Exister sur le Parc, c’est y avoir sa place en tant que maillon de l’écosystème, certes, mais aussi en tant qu’humain. Exister, c’est avoir les moyens de vivre, de vivre plutôt que de survivre. De vivre humainement, au moins à la hauteur des efforts faits par la Mauritanie pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens, même si l’on est bien en dessous des planchers de décence fixés les instances mondiales de développement, et que d’année en année l’on se dispute les dernières marches de l’escalier des PNB (celui de Mauritanie est de cinq cent dollars par an et par habitant).
Les indicateurs de développement humain ne placent pas le pays très haut, il est vrai. On dit qu’ici, une personne sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. Des efforts sont néanmoins consentis, et la santé ainsi que la scolarisation s’améliorent petit à petit. Il faut toutefois constater que ce n’est pas dans les villages du Banc d’Arguin que le développement est le plus visible. Si l’aire est hautement protégée pour limiter la dégradation de l’environnement, il ne faudrait pas pour autant qu’elle impose aux Imraguen un film de protection contre le développement humain.
Se développer au Banc d’Arguin est une vaste question, presque un débat. Les enjeux sont complexes et souvent contradictoires. Il faut dire que le point de départ est en lui-même terriblement problématique. Postulat qui peut se résumer ainsi : plus il y a d’humains au Banc d’Arguin, plus l’environnement y est menacé de l’intérieur. Limitons donc la démographie, et pour cela, faisons en sorte que les conditions rebutent les nouveaux candidats à l’installation. Ce n’est pas la place qui manque, quant aux ressources, on sait bien que les Imraguen, sur place, ne consomment qu’une petite partie du produit de la pêche.
Etre peu nombreux, c’est être à la limite ; à la limite, souvent inférieure, d’être écouté quand on demande une école ou un centre de santé aux ministères ou administrations concernés, y compris auprès du Parc. Pourtant, l’on ne peut pas reprocher au Parc de refuser d’entendre les résidents. Volonté de dialogue attestée par l’instauration des ateliers de concertation annuels, vastes assemblées tenues tour à tour dans les villages, qui ont un rôle d’assises dans lesquelles les représentants villageois, tels le tiers état en d’autres lieux et d’autres temps, présentent leurs doléances. Le nombre, c’est là le cœur du paradoxe.
Une communauté de mille cinq cent individus (si ce n’est moins, certains parlent de mille deux cent), c’est bien peu pour pouvoir revendiquer efficacement une légitimité et exiger des équipements à la hauteur d’un territoire de douze mille kilomètres carrés contenant neuf villages.
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
Les jours de pêche se suivent, mais ne se ressemblent pas. Enfin, c’est ce que Mohamaden, le capitaine de lanche, préfère se dire en regardant le maigre butin de ce jour. Un débarquement si rapide et rien à rapporter pour le repas du soir. Juste quelques raies et une dizaine de très petits requins pris par hasard dans des filets qui ne leur étaient pas destinés. De toute façon, on ne peut plus rien en faire, les Imraguen ne les consomment pas et leur fructueux commerce n’est plus qu’un vague souvenir depuis que l’interdit de pêche a stoppé leur exploitation. Les raies et les requins sont aujourd’hui juste bons à tirer quelques ouguiyas des ghanéens et Maliens à l’affût, qui les feront fermenter dans des bacs de saumure creusés sur la plage, et dont les relents ammoniaqués empesteront tout le village...
Mohamaden et son équipage étaient partis de bon matin pour rapporter de belles courbines. C’est la saison, et le capitaine était quasi-sûr que les chenaux qu’il avait choisis étaient poissonneux ces jours-ci. Il avait posé ses filets et venait aujourd’hui, les relever. A un endroit éloigné- il fallait deux heures de voile pour atteindre le premier filet- mais prometteur, disait-on. Apparemment les courbines avaient décliné l’invitation, préférant passe un peu plus loin ou un peu plus tard, ou peut-être demain, ou peut-être jamais.
Il le sait bien, le mieux est d’oublier vite les efforts fournis pour si peu : se lever si tôt, rassembler les quatre autres membres de l’équipage, vérifier les filets à poser, l’eau douce, les vivres. Le jeune Moussa a-t-il pris assez de thé, a-t-il pensé à la menthe ? Et le grand a-t-il pris le poste de radio ? Il faut pousser la lanche, tendre les voiles, naviguer à vue, retrouver les repères, éviter les filets que d’autres ont posés, rechercher les siens. Et puis les relever avec l’art et la manière, la vivacité et l’harmonie des gestes. Lancer l’ancre au bon moment, au bon endroit. Synchroniser les efforts des uns les autres, lâcher juste les bons mots nécessaires, lancer le « ho….hisse ! » de l’élan collectif qui permet de soulever ces dizaines de mètres carrés de filets gorgés d’eau pour les projeter dans la lanche. Mais l’effort ne suffit pas, ni même le métier et le savoir-faire, il faut aussi la chance, la baraka. C’est le sort de tout pêcheur. Il lui faut juste accepter qu’aujourd’hui il en soit ainsi. Que ce soir, on mangera le poisson pêché par un autre, mais que demain, inch’allah, on nourrira tout le village.
Penser aussi, et surtout, à ces mouettes dans le ciel, à la gaieté de l’équipage, à ces gorgées de thé partagées en pleine mer, à cette lanche qui fend bien l’eau, à cette brise fraîche qui magnifie ciel et soleil. Penser joyeusement à ces dauphins vus de loin, bien plus rares qu’autrefois, qui manifestent à l’homme leur présence toujours aussi amicale.
La semaine passée notre champion Sidi et membres de son association Amis du Banc d’Arguin ont géo-référencé l’emplacement de l’observatoire d’oiseaux. Le voici maintenant sur Google Earth !
19°53'56"N et 16°18'30"W
La construction de l’observatoire démarrera au mois de juillet. Il sera prêt à être utilisé à l’occasion du camp d’été « À la découverte des paysages du Banc d’Arguin » organisé début septembre à Iwik par l’Association des Amis du Banc d’Arguin, la FIBA et l’Administration du Parc Banc d’Arguin. Le campement « tente bleue » est destiné à une dizaine d’enfants (5 filles et 5 garçons), issus de villages du Parc. Ils feront des activités pendant une dizaine de jours dans lesquelles l’observatoire jouera un rôle primordial. Nous vous tiendrons au courant ...
Le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) en Mauritanie apprécie beaucoup les efforts des amis d’Ecofund et de nos donateurs pour la protection des oiseaux migrateurs !
En complément des 1575 euros récoltés sur Ecofund avant la date limite du 31 mars dernier, ce qui représente 20% des coûts de l’ecoprojet, le PNBA a décidé de financer les 80% du budget restant. Ainsi, le don du PNBA permettra la construction de l’observatoire d’oiseaux, et vos dons serviront à fournir l’équipement : affiches d’information et jumelles. La somme à collecter a été modifiée en conséquence. Ainsi, l’écoprojet est en totalité financé.
Au nom de Sidi Ely et Sidi Cheikh, et au nom des enfants de Iwik, merci à tous !
L’ecoprojet permettra (v. photo ci-dessous) à la jeunesse du village d’Iwik de mieux connaître les différentes espèces d’oiseaux et de valoriser et protéger ainsi son exceptionnel patrimoine naturel.
Grâce à vous, cet ecoprojet est possible !
Dans les prochaines actualités nous vous informons au fur et à mesure sur la réalisation de l’observatoire. Suivez les actualités du projet !
Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.
Les eaux du Banc d’Arguin ne sont pas toujours fréquentables. Bien sûr on y croise de souriants dauphins, de frétillantes daurades, des mulets jaillissants ou encore des nuées de crabes qui font plus de peur que de mal… Mais, au détour d’un chenal, on peut aussi tomber sur un requin. Il en existe de toutes sortes et il ne faut pas se fier à leurs yeux d’endormis, certains sont très méchants et réagissent au quart de tour. Les requins, et leurs cousines les raies, n’avaient jamais intéressé les Imraguen qui leur préféraient la chair blanche et fine du mulet ou des dorades. On voyait bien quelques pêcheurs étrangers, ouest africains, ghanéens ou maliens, venir s’approvisionner en raies pour leur consommation ou celle des restaurants des grandes villes. Mais cela ne perturbait pas vraiment la communauté de sélaciens (tel est le nom de famille des raies et des requins) qui, dans les eaux riches du banc, se portait fort bien.
Mais récemment, dans les années quatre-vingt, le marché asiatique accrut la demande : les entreprises alimentaires cherchaient du requin, plus exactement des ailerons de requin, pour satisfaire une clientèle nantie éprise de ce met, rare et délicat dit-on… Pendant quelque années, les Imraguen s’adonnèrent à cette pêche exigeât des filets adaptés, éperonnés par les mareyeurs spécialisés qui avaient trouvé la poule aux œufs d’or. Pour les seuls ailerons, ils sacrifiaient des montagnes d’animaux qui jonchaient les abords des villages, en de spectaculaires charniers. On en pêcha tant qu’en quelques années, la survie de ces espèces qui vivent longtemps et, surtout, ont un cycle de reproduction très lent, se trouva en grand danger. Les chercheurs s’alarmèrent et le parc décréta in extremis un interdit de pêche. Seules sont dorénavant tolérées les captures, dites accidentelles, de raies et requins pris dans les filets destinés aux autres poissons, mulets ou courbines en premier lieu. Les ghanéens et Maliens sont toujours là, et achètent à très bas prix ces quelques sélaciens, qu’ils transforment sur place dans de pestilentiels bacs à saumure, avant de les exporter saurs.
La première année après l’interdit, nous étions touchés, et même bien embêtés. Nous devions renoncer à une pêche qui nous était bénéfique et qui était entrée dans nos habitudes. Et puis, on s’y est fait. La campagne de mulet, puis celle de courbine ont été très bonnes cette année-là ; au môns, on n’avait pas tout perdu !
L’interdit de pêche au requin nous a beaucoup pénalisés. Avant, on pouvait s’acheter plusieurs boubous par an, et de bonne qualité… Aujourd’hui on se contente d’un seul !
Moi, je n’ai pas brûlé mon filet de toyo comme on nous l’avait demandé, mais je l’utilise comme auvent pour ma tikkit.
Nous, les Imraguen, on est toujours d’accord pour respecter la nature, c’est pour cela qu’on a accepté l’interdit de pêche au requin. Mais, quand même… un jour au Portugal, j’ai vu des centaines de tonnes de requins sur un bateau. J’ai pensé que les Européens, à travers le Parc, nous interdisaient de faire chez nous ce qu’ils faisaient ailleurs et ils en profitaient bien ! La pêche aux requins devrait être interdite partout… »
Chers amis,
Je viens de rentrer d'une expédition scientifique avec des chercheurs hollandais. Notre mission nous a conduit sur la partie maritime pour étudier l'évolution des herbiers marins, notamment „Zostera noltii“.
Au passage, je vous envoie quelques photos illustrant l’événement.
A plus
Sidi Cheikh
En collaboration avec Buchet Chastel nous partageons avec vous sur notre Ecoblog, les souvenirs et témoignages que l’écrivain Marie-Laure de Noray-Dardenne a récoltés auprès des Imraguen lors de son séjour sur le Banc d’Arguin. Leurs souvenirs, leurs mots et leurs vies forment des portraits par touches, extraits de son livre Le Livre des Imraguen publié en 2006 aux Editions Buchet Chastel Ecologie.
1. Bonjour Marie-Laure, pouvez-vous d’abord nous parler un peu de votre parcours ?
Dans mon travail et dans ma vie, cela fait plus de vingt ans que je suis proche du continent africain. J’étais d’abord partie au Mali pendant deux ans, en tant que volontaire chargée des formations et de l’information pour les associations de volontaires français. De retour en France, j’ai voulu continuer dans le secteur du développement… j’ai donc passé une maîtrise de communication puis j’ai fait de la sociologie du développement tout en travaillant dans une ONG. Je me suis mariée aussi, j’ai eu deux enfants et suis repartie, en famille cette fois, au Mali où nous sommes restés cinq ans.
2. Vous définiriez-vous comme un écrivain sur la nature ?
C’est vraiment le cœur de mon travail. En fait, j’essaie de mêler le métier d’écrivain à une approche qualitative de la sociologie. Avec des supports comme le Livre des Imraguens, c’est une façon magnifique de faire mon métier. Je me sens plus porte-parole que porte plume ! J’essaie de participer au développement durable par le biais des gens, des habitants et de faire remonter leurs paroles, voire leurs sentiments lorsque je les perçois. Je fais des livres pour ces habitants… notamment celui sur les Imraguen. C’est leur livre : c’est pour ça que j’ai choisi ce titre.
3. Avez-vous écrit d’autres livres sur le sujet ?
Il y a plusieurs années, j’étais chercheur associé à l’IRD pour un programme sur le delta intérieur du fleuve Niger. Avec le photographe avec qui je travaillais, nous allions à la rencontre des gens qui vivaient sur ces plaines inondables, j’écoutais ce qu’ils pensaient des résultats de ce programme et j’ai conçu un ouvrage à ce propos… on pourrait appeler ça de la vulgarisation scientifique- même si je n’aime pas ce mot ! Quelques temps après, l’UICN m’a contactée et m’a demandé de faire quelque chose du même genre au Cameroun, une sorte de chassé-croisé des groupes humains vivant aussi sur des plaines inondées. Mais cette fois-ci, pour les photos, j’ai voulu travailler avec des jeunes scolarisés de la région qui faisaient parie des clubs nature. On leur avait donné un appareil photo jetable pour deux. Certains se sont révélés être d’excellents photographes !
4. Comment avez-vous connu le Banc d’Arguin? Les Imraguen ?
La FIDA, qui est la fondation du Banc d’Arguin, est partenaire de l’UICN. J’imagine qu’ils avaient dû apprécier mes ouvrages précédents. Ils m’ont donc proposé un format similaire mais cette fois, il s’agissait de comparer les pêcheurs de la côte ouest africaine : les pêcheurs Bijaros, Imraguen et les pêcheurs du Saloum ! Vaste programme ! Puis, pour diverses raisons, le sujet s’est resserré uniquement sur les Imraguen. Le projet a duré deux ans, pendant lesquels j’ai effectué quatre missions sur le Banc d’Arguin, en immersion totale. C’est qu’il m’a fallu un certain temps pour parcourir, comprendre, collecter, mûrir. Je ne m’attendais pas à ce que les femmes aient une telle liberté de parole…Je me suis sentie tout de suite à l’aise.
Une interview, là-bas, ça prend du temps, il fait très chaud, on boit le thé… Un soir, je me suis couchée en réalisant que j’avais bu 21 verres de thé dans la journée! Je me suis dit qu’il était temps d’arrêter et de commencer à écrire, même si j’avais du mal à sortir mon carnet de notes là-bas ! En tout, j’ai dû passer deux mois et demi sur place. Ce livre, c’est un projet de communication participatif. J’ai donné des appareils photos aux femmes, aux pêcheurs… entre deux missions de collecte de données, j’avais fait des tirages des photos sur feuille A4 et les gens commentaient et participaient au choix.
5. Souvent les ouvrages sur le Banc d’Arguin se focalisent sur son patrimoine naturel. Tandis que dans votre livre, vous laissez la parole aux Imraguen, les habitants du Banc d’Arguin.
Oui justement, c’était volontaire. C’est vrai que les ouvrages sur le Banc sont souvent historiques. Je trouve qu’ils ont même un côté un peu angélique, trop image d’Epinal avec la pêche en symbiose avec les dauphins... J’ai essayé de sortir de ces trucs classiques. Je voulais rentrer dans le quotidien des Imraguens, comprendre leurs paradoxes, eux qui vivent nichés entre pleine nature et ville. Ils symbolisent parfaitement les avantages et les inconvénients de vivre dans des aires protégées… protégées, mais pas forcément dans le sens des habitants. Ils posent aussi le problème plus général de la terre : à qui appartient un territoire ? Je suis très fière de la préface d’Abdou, qui est professeur en sociologie et qui parle justement de tout cela.
6. Connaissez-vous notre champion Sidi Ely et ses initiatives?
Oui je le connais ! Je l’ai même interviewé ! Il avait plein d’idées ! On avait pas mal discuté de l’accueil des touristes. C’était très intéressant. Il avait beaucoup de curiosité, d’initiatives et d’énergie !
7. Justement, y a-t-il des initiatives sur le Banc qui vous ont particulièrement séduite d’un point de vue environnemental?
Le fait de monter un chantier naval, sur place, pour réhabiliter la lanche comme moyen de pêche principal a été une excellente idée. Une idée qui à la fois a proposé une alternative aux interdits concernant la pêche 'à moteur', a créé une activité artisanale de haute qualité et savoir-faire, et a illustré un échange d'expérience Nord-Sud utile et riche.
8. Our future is green ! Pensez-vous que votre livre et une initiative comme Ecofund peuvent avoir un impact positif sur la protection de l’environnement ?
Un livre reste un livre, un site reste un site, mais je crois sincèrement à ces deux formes (entre autres) de courroie entre les gens d'ici et d'ailleurs, du Sud et du Nord, de l'eau et de la terre, du désert et des cités. Plus nous multiplions les 'lieux' d'échange, plus on proposera des tribunes à ceux qui n'en ont pas 'naturellement ' dans le paysage communicationnel actuel, mieux ce sera pour tout le monde !
9. Votre prochain livre ou prochain article, qu’est-ce que ça va être ?
J'aimerais beaucoup faire un livre participatif avec les habitants du Sine Saloum, au Sénégal. Si une ONG ou autre institution partenaire veut s'y investir, je suis plus que partante! J’ai aussi treminé un livre jeunesse 'L'Odyssée d'Houmarou' en duo avec mon co-auteur Antoine Barral qui a pris en charge l'Iliade. C'est une version africaine des textes d'Homère, qui se situe le long du fleuve Niger. Le panthéon est formé des divinités peules, yoruba, bambara, songhaï...
Dans un autre genre, je finis un guide sur la gestion intégrée des ressources naturelles pour les Parlementaires et élus locaux des 7 pays côtiers de la Mauritanie à la Sierra Leone, Cap Vert compris. C'est l'UICN Sénégal qui est à l'initiative de ce guide. J'ai aussi un projet de recueil de nouvelles, en Afrique toujours.
Bibliographie
Aux Editions Punctum: Bamako, là (2006)
Aux Editions Alternatives : Avoir Vingt Ans à Bamako (1999)
Aux Editions IRD: Vivre et Travailler dans le Delta du Fleuve Niger au Mali (2000)
Aux Editions UICN : Waza Logone, Histoires d’Eau et d’Hommes. Vivre dans la Plaine Inondable de Waza Logone au Cameroun (2002)
Ibrahim Ould Mami Nagli est chef du village de R’Gueiba depuis 2005. Quelques mois après sa nomination, il expose comment, malgré lui, ces responsabilités lui sont incombées, et, à sa façon, il dépeint le petit bourg.
« Du vivant de mon prédécesseur, je jouais un peu le rôle d’adjoint. Je l’accompagnais en ville, il me demandait conseil. A sa mort, on s’est réunis pour choisir qui le remplacerait. Moi, j’ai proposé un cousin de feu le chef, plus âgé que moi, mais il a refusé catégoriquement. Les villageois ont dit : « On veut que le chef soit originaire et habitant de R’Gueiba. » Parmi les personnes possibles, l’on comptait deux vieillards et moi. Comme il leur était difficile de voyager, tout le monde s’est accordé pour ma nomination. J’ai accepté à condition de ne prendre aucune décision sans l’avis des villageois. Les femmes sont très influentes quant au choix du chef. Je suis le plus jeune chef de village du Banc d’Arguin, si l’on ne compte pas M’Barek, le fils de Barka d’Agadir qui assure la chefferie avec sa mère. Je suis né en 1959, juste avant l’indépendance.
Je ne suis jamais allé à l’école, mais j’aimerais développer l’enseignement ici. Il nous faudrait aussi un centre de santé. L’éducation, la santé et l’eau sont nos trois grands problèmes. Pour l’eau, on attend toujours l’ouverture de l’unité de désalinisation (que nous appelons sondage). Nous ne pouvons pas l’utiliser avant son inauguration qui se fera en même temps que celle d’Iwik… Pour cela, il faut attendre que le sondage d’Iwik soit terminé ! Mais je m’inquiète de la qualité de l’eau. Certains disent qu’elle reste un peu salée, ce qui peut fatiguer les reins. Ce ne serait pas bon pour la santé des personnes âgées… C’est difficile de faire vivre un village sans eau. C’est ce qui me chagrine le plus.
C’est dommage car le site est magnifique et la vie est saine et simple. Ici, le bord de mer est différent de celui des autres villages. L’eau est tout de suite profonde, c’est presque un port. C’est pratique pour embarquer, débarquer, faire la lessive et la vaisselle. C’est un lieu de pêche stratégique pour le mulet et la courbine, et la mer est moins dangereuse qu’ailleurs.
Les restrictions imposées par le Parc le sont pour le bien du Banc d’Arguin, pour notre bien. Moi, je suis d’accord avec la limitation du nombre de lanches. Quatre-vingt lanches réellement opérationnelles sont bien suffisantes si l’on veut conserver la richesse de l’océan. S’il y en avait plus, ce serait mauvais pour l’écosystème. Les anciens avaient un calendrier de pêche très respectueux de la nature, bien avant que le pays n’existe. »
Parmi les Imraguen qui constellent le Banc d’Arguin de leur lumineuse personnalité, Farida Mint Habib est un astre bien à part. Barrikalla, fille de Mulla, fondatrice et chef du village d’Auguesh, Farida est à la fois consultante et traductrice au service du Parc et de ses partenaires. Elle collabore à moult programmes de recherche et de développement. Son engagement pour une vie meilleure au Banc d’Arguin lui confère estime et popularité auprès des Imraguen, dont elle ne cesse de se faire le témoin. Entre deux entretiens, lui reviennent ces souvenirs d’une enfance à trois temps. Temps de brousse sous khaima, temps de mer au village, temps d’école en ville.
« Je suis née à Nouakchott et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de huit ans. Quand mes parents ont divorcé, ma mère est retournée voir sa famille, à Nouadhibou et au Banc d’Arguin. Je l’ai suivie. Au début nous étions à R’Gueiba, puis ma mère s’est installée à Auguesh pour implanter un village.
J’étais à l’école à Nouadhibou mais, dès que je le pouvais, je revenais au Banc d’Arguin. Pendant les grandes vacances, je faisais la navette entre R’Gueiba et Auguesh. Je connais pas cœur la baie de Saint-Jean. Je me souviens des petites montagnes de mulets ou de dorades sur la plage. On se jetait dessus pour jouer. On nageait beaucoup, avec les autres enfants. Il n’y avait pas de différence entre les enfants qui restaient au village toute l’année, et nous, les « scolaires ». Ma famille avait un petit troupeau de chameaux et, quand nous rentrions pour les vacances, on en tuait un en notre honneur. C’était la fête!
A cette époque R’Gueiba était bien peuplé mais enclavé. A Auguesh, il y avait peu de monde mais beaucoup de passage. C’était avant la construction de la route goudronnée qui est loin de la côte. La route Nouadhibou-Nouakchott passait par Auguesh. On voyait beaucoup de voiture de touristes, et ça nous amusait. Le rallye Paris-Dakar traversait notre petit village. On courait voir les voitures. On recevait des tas de cadeaux. Quand la marée était haute, les concurrents plantaient leurs tentes tout près du village, en attendant de pouvoir rejoindre Mamghar. C’était très drôle pour nous.
A la fin des vacances, on retournait à Nouadhibou en vedette à moteur, ça durait une bonne journée. Parfois c’était en lanche que nous y allions. Il fallait alors compter deux à trois jours. On prenait notre temps. »
Bonne nouvelle ! Un touriste néo-zélandais a offert au campement d’Iwik du matériel pour l'énergie éolienne et une petite pompe pour déssaliniser l'eau de mer afin de permettre le plantage des légumes sur place. Comme ça, nous n’avons plus à faire 300km pour les acheter à Nouakchott !
Noël, on le sait, c’est la période des cadeaux…
Soyez originaux en 2011 ! Au lieu d’un énième bon de parfumerie à vos familles et amis, faites une donation en leur nom: nous vous enverrons ce certificat à leur remettre. Pour chaque 5 euros seulement, vous protégez un couple de Spatule Blanche au Banc d’Arguin en Mauritanie !
Une Vraie Bonne Idée !
Actuellement, j’essaie de trouver des solutions pour recycler les ordures collectées lors de nos nettoyages des plages. Avec les femmes et les jeunes, on est en train par exemple de recycler les boîtes de conserve en les transformant en cendriers ou en objets de décoration vendus aux touristes.
Comme tous les mois, j’ai organisé le 8 Octobre dernier une journée de nettoyage du village et de la plage d’Iwik. Ecoguides, élèves, pêcheurs, femmes… en tout, nous étions une cinquantaine à collecter bouteilles et sachets en plastique, filets usagés, piles, boîtes de conserve : on a réussi à nettoyer de ces déchets la partie Sud de la plage!
C’est à Iwik, petit village Imraguen de 160 habitants situé au cœur du Banc d’Arguin, que vivent et travaillent Sidi Ely, le champion du projet, et Sidi Cheikh, le géomaticien du Parc. Ensemble, ils investissent leur temps et leur énergie à la préservation et la promotion de leur patrimoine naturel.
Sidi Ely est né sous le soleil brûlant d’Iwik mais c’est sous le climat polaire de Mourmansk en Russie qu’il étudiera l’océanographie. Fort de son savoir-faire et de son expérience, il revient 10 ans plus tard dans son village natal pour se consacrer à l’environnement, notamment à « la beauté et à la tranquillité de la nature dans le Parc, ce qui me tient le plus à cœur. » Gérant du premier campement éco touristique du Parc, il est toujours à la recherche de technologies propres pour satisfaire les demandes des touristes. C’est par exemple muni de diodes de lampes frontales et de cannettes vides qu’avec quelques panneaux solaires, il bricole l’éclairage de nuit du campement. Une fois par mois, il organise aussi le nettoyage de la plage des déchets rejetés par la mer : « Au début, quand ils me voyaient nettoyer seul la plage, mes frères Imraguens me prenaient pour un fou, sûrement déphasé à cause de mon séjour à Mourmansk ! Mais au bout d’un moment, lorsqu’ils ont vu que les touristes de mon campement venaient m’aider, ils se sont dit que si pour des gens venus de si loin, le nettoyage de la plage était important, pour eux vivant ici à Iwik cela devrait l’être encore plus ! »
Cet amour et cet engagement pour le cadre exceptionnel d’Iwik, il le partage avec Sidi Cheikh, géomaticien à l’observatoire du PNBA depuis 2007, qui ne tarit pas d’éloges sur les beautés du Parc : « Le Parc, ce sont des oiseaux magnifiques, des paysages époustouflants ! C’est la grandeur des monuments naturels forgés au fil de temps sous l’effet du vent et de l'alternance des saisons, au fil des jours et des nuits ». Pour son travail, il aide les gestionnaires du Parc et leurs partenaires dans la capitalisation et la spatialisation de données produites sur le terrain. Il organise notamment des missions pour collecter ces données ou faciliter des travaux de recherches, toujours avec la participation active des populations. Comme Sidi Ely, il considère que les oiseaux sont une des plus grandes richesses du Parc : « J'ai toujours été fasciné par l’organisation et le mode de vie des oiseaux. Il faut se rendre compte que des millions d’oiseaux font un voyage régulier depuis des zones très lointaines pour venir jusqu’ici ! Je me demande toujours comment ces oiseaux sont guidés et comment ils comportent une fois arrivés à destination.»
Tous deux pères de famille, même si, comme le dit Sidi Ely, ils considèrent « que tous les enfants d’iwik sont les leurs », ils ont décidé de joindre leurs efforts pour y installer deux observatoires d’oiseaux. Outre les touristes, ce sont d’ailleurs surtout les jeunes qu’ils veulent atteindre par ce projet. Pour Sidi Ely, « les jeunes de notre village sont les gardiens de PNBA du demain. J’aimerais qu’ils connaissent mieux leur environnement et les différentes espèces d’oiseaux ». Constat partagé par Sidi Cheikh : « Il est clair que les enfants d’aujourd’hui sont moins attachés à leur environnement que leur ancêtres plus imprégnés et proches de leur milieu. »
Alors, rejoignons la mission des deux Sidi pour les millions d’oiseaux et les jeunes du Banc d’Arguin !
J'effectuerai – Inchallah - une mission dans le village de Mamghar à l’extrême sud du Parc. Ce village abrite trois sites de renommée internationale pour les oiseaux en raison, en partie, de la richesse des eaux estuariennes, de la présence de mangrove et d'autres espèces reliques et spécifiques des eaux saumâtres. Ces trois sites sont El Aîn, Eiznaya et Cap Timiris. Ce dernier représente un amas coquiller d'origine anthropique et recèle beaucoup d'informations pour les archéologues et touristes désirant connaître l'histoire du néolithique et de la présence humaine sur la côte mauritanienne. Photo by Hellio & Van Ingen
Chaque année, à l'automne, des millions d’oiseaux migrent sur de très longues distances, traversant déserts et continents, pour trouver refuge au Banc d’Arguin, puis reviennent vers le nord au cours du printemps. Tout au long de leur itinéraire, ces oiseaux migrateurs traversent les frontières politiques, économiques et culturelles et trouvent des zones de repos, d’alimentation et de reproduction, dans différents pays. Ils sont à la fois le symbole et l’expression la plus concrète du fait que le patrimoine naturel mondial n’est pas une question de pays en particulier mais bien un phénomène d’interdépendance globale de nos écosystèmes. La migration des oiseaux est considérée comme un des grands miracles naturels. Par exemple, la distance parcourue entre l’Europe et le Banc d’Arguin par le Bécasseau maubèche (Calidris canutus), une espèce de gros limicole, est de 4.500 km !
La plupart des oiseaux migrent en groupe, constituant des formations en chevron. Si la manière dont ils arrivent à se repérer reste mal-connue, une de leur destination favorite n’est en revanche plus un secret : la Mauritanie. Chaque année, ils sont en effet plus de deux millions à trouver refuge au Banc d’Arguin où ils trouvent nourriture et calme. Calme, car ce Parc national de 12,000 km2 n’est habité que par und millier de pêcheurs Imraguen. Cet isolement apporte aux oiseaux un véritable havre de paix, que le projet de Sidi compte amplifier. Nourriture ensuite, car le phénomène d’Upwelling favorise le plancton, à la base des chaînes alimentaires de l'écosystème marin. Du coup, poissons et crustacés s’y trouvent en abondance, ainsi que des mollusques et des vers. La quasi-totalité des oiseaux migrateurs du nord-ouest de l'Europe hiverne sur le Banc. La spatule blanche, par exemple, reconnaissable par son long bec large et plat, vient d’Europe et traverse mer et désert pour se reproduire sur le Banc d’Arguin. Une partie de ces spatules s’est même sédentarisée sur le Banc : Une sous-espèce de spatule est endémique. De manière plus générale, les îles du Banc d’Arguin sont une véritable pouponnière pour les oiseaux européens en quête de calme où hérons, hérons cendrés pâles, flamants, aigrettes et goélands y nichent et s’y reproduisent.
La Banc d’Arguin et le dernier grand espace naturel (non-exploité, intouché, etc.) en Afrique de l’Ouest. Ainsi, il est encore habité par des espèces qui sont ailleurs décimées ou disparues. Cependant, l’Eden ornithologique que constitue le Banc d’Arguin est fragile et menacé. Les dangers principaux qui guettent ce site sont la découverte de gisements pétroliers voisins et le développement humain, notamment du tourisme. Les observatoires de Sidi, qui permettront l’observation des oiseaux tout en respectant leur besoin de calme et d’intimité, participent à cet effort de protection des oiseaux du monde entier, pour leur survie à eux, et notre bonheur à tous.
Photos by Hellio & Van Ingen
Ce n’est pas évident d’expliquer ce que signifie "Imraguen". Ce n’est ni le nom d’une tribu ni le nom d’une langue.
Imraguen c’est une identité avec une certaine façon de vivre ou encore avec une pratique singulière de la pêche. Selon « Le livre des Imraguen » de Marie-Laure de Noray-Dardenne, être Imraguen c’est « appartenir à cet écosystème riche et fragile qui fait du Banc d’Arguin un joyau de la nature... Imraguen signifie celui qui vit au bord de la mer et qui pêche en respectant la nature, sans rien gâter, sans gaspiller… Les Imraguen sont … les nomades de la mer. ».
A peine plus d'un millier, les Imraguen sont les seuls autorisés à habiter dans le Parc national du Banc d’Arguin et à exercer la pêche dans ses eaux très poissonneuses. Le Parc abrite 9 villages, dont Iwik, celui de Sidi, haut lieu d’observation des oiseaux.
Les Imraguen sont connus pour un rituel de pêche traditionnelle fascinant et immuable, entièrement inspiré par les conditions naturelles spécifiques du Banc d’Arguin : une pêche à pied du mulet jaune hautement tactique et responsable. Depuis la rive, lorsqu’un homme repère le passage d’un banc de poissons, les autres entrent dans l’eau avec des filets sur les épaules. En frappant l’eau avec un bâton, ils attirent les dauphins qui constituent alors une barrière et empêchent les poissons de s’enfuir vers le large. Attirés vers la plage, les mulets sont entourés par les hommes et capturés. Dès sa capture, le poisson est ouvert, nettoyé et mis à sécher par les femmes. Tout le poisson est valorisé, notamment les ovaires de femelles pleines, légèrement salées et séchées pour fabriquer la poutargue et la tête et les viscères, bouillis dans l’eau pour en extraire une huile riche en oligo-éléments et en vitamines, le « dhên ». Ces techniques de transformation représentent un savoir-faire séculaire unique transmis de mères en filles.
L’arrivée des pêcheurs Canariens dans le Banc d’Arguin dans les années 1930 a fait évoluer la technique de pêche des Imraguen vers une pêche à partir de lanches. Ces bateaux à voile unique, sans moteur, permettent aux Imraguen de pêcher au large dans les eaux peu profondes du Banc d’Arguin. Les lanches sont recensées par l’administration du Parc et limitées en nombre. Aujourd’hui il en existe une centaine que seuls les Imraguen sont autorisés à utiliser dans le Parc.
Selon le « Le livre des Imraguen » vivre en aire protégée telle que le Parc national du Banc d’Arguin, c’est accepter de se laisser guider par les lois de la nature et les modalités de sa sauvegarde. Conscients de leurs privilèges notamment par rapport à la pêche, les Imraguen participent à la surveillance de la partie maritime du Parc. En outre, avec la volonté de respecter les richesses du Banc d’Arguin, les Imraguen jouent un rôle clé au sein du Parc, en initiant des projets comme celui de Sidi.
Ils sont les habitants, les gardiens et les garants de l’avenir du Parc. Soutenons-les !
Situé en Mauritanie, le Parc National du Banc d’Arguin couvre une superficie de 12.000 km2, une étendue comparable au territoire de la Gambie ou 5 fois celui du Luxembourg ! La moitié du parc est terrestre, l’autre moitié est maritime. Classé en 1989 patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, ce Parc est l’un des plus importants d’Afrique.
Dunes, mangrove, milieux vaseux, reliefs ou plates étendues de sable, les fascinants paysages variés du Banc d’Arguin foisonnent de vie animale :
Le Parc accueille plus de 2 millions d’oiseaux migrateurs venant du nord de l’Europe. C’est aussi là que vivent de nombreuses autres espèces comme le Cormoran, le Pélican mais surtout la Spatule et le Héron Cendré Pâle qui ne se reproduisent nulle part ailleurs.
Les eaux du Banc d’Arguin sont parmi les plus poissonneuses au monde, grâce au phénomène de l’upwelling : les vents dominants d’Est poussent vers le large les eaux chaudes. Ce mouvement provoque la remontée d’eaux profondes, froides et riches en nutriments, favorisant alors l’explosion du phytoplancton. L’espace maritime du Parc constitue ainsi une zone de nurserie, de reproduction, et d’alimentation importante pour les ressources halieutiques non seulement en Mauritanie mais aussi dans la sous-région.
La biodiversité marine du PNBA est particulièrement riche; plusieurs espèces de tortues et de mammifères marins y sont représentées, dont la Tortue verte, le Grand Dauphin et le Dauphin à bosse. La centaine de phoques moines du Parc est la dernière colonie importante de cette espèce qui compte parmi les 12 espèces de mammifères les plus menacées au monde.
L’enjeu pour le PNBA est de défendre l'intégrité de ses ressources naturelles et de ses écosystèmes, menacée par la surpêche, par le développement humain et par les changements climatiques. Les observatoires de Sidy participent à cet effort. Avec la communauté des Imraguens, peuple de pêcheurs installés dans le Banc d’Arguin depuis des siècles, Sidi œuvre pour la conservation et gestion durable de ce patrimoine unique.