Avec son Association pour la Protection de l’Environnement du Sénégal–APES-, Augustin, le champion de ce projet, veut sauver 32 hectares de belle forêt endémique sur le littoral sud-ouest du Sénégal, près de Diembereng en Basse Casamance.
Augustin et son association ont déjà sécurisé les droits légaux pour la forêt et l’ont ainsi sauvée de la spéculation foncière. Aujourd’hui, la forêt est toujours menacée par le braconnage, les feux de brousse et les dégâts causés par le passage non contrôlé des animaux domestiques (vaches, moutons).
Il a besoin d’un coup de pouce financier pour protéger durablement la forêt. "Pour notre communauté rurale, il s'agit d'un partenariat gagnant-gagnant entre nature, tourisme et économie". Augustin Diatta
Pour nous la forêt est sacrée. En plus, ses fruits nous apportent depuis des générations une importante valeur nutritive et médicale. La forêt nous permet aussi d’attirer un tourisme écologique et responsable, ce qui fait prospérer notre économie locale. Mais d’abord, il me faut clôturer l’Ecoparc pour pouvoir mieux le protéger.
Il s’agit d’une clôture naturelle pour les endroits les plus menacés. Votre don financera : l’achat des plantes de citronniers et d’anacardiers, des rouleaux de fil barbelé et ses poteaux de soutien. Notre association et les jeunes de notre village fourniront la main d’œuvre pour la plantation et la pose de la clôture autour de la forêt.
Pour cela, Augustin bénéficie déjà du support technique de notre écopartenaire ouest-africain Oceanium au Sénégal. Votre don va renforcer la base écologique, économique, sociale et culturelle de la communauté locale en Casamance.
Haïdar El Ali est une des grandes figures de l’écologie en Afrique de l’Ouest. Animé par une conviction et une volonté inébranlables, il lutte chaque jour afin de préserver l’écosystème de son pays, le Sénégal. Il y dirige l’association Oceanium et sillonne sans cesse l’Afrique de l’Ouest pour convaincre, débattre, organiser et aider afin de préserver la mer et ses ressources, les rivières et les forêts.
Les conférences sur les changements climatiques et les législations gouvernementales sont importantes, mais nous avons aussi besoin des champions locaux, et ils ont besoin de nous pour préserver nos écosystèmes !
Haidar El Ali est d’origine libanaise. Mais il est né au Sénégal, à Louga, dans le nord du pays, en 1953. Le Sénégal est son pays, le wolof sa langue, la voiture son bureau. C’est de là qu’il appelle ses contacts locaux, ordonne, échafaude le programme de ses missions, réfléchit, imagine, rêve, ou se met en colère contre la folie de ce monde qui détruit partout les richesses naturelles de son pays, et affame les Sénégalais. Sa mission ? Immense, infinie et complexe : installer l’idéal écologiste au Sénégal.
Voici maintenant quatre ans que je l’accompagne au gré de ses actions à travers le pays, que je l’écoute me distiller sa vie au compte-gouttes, mais surtout, que je le vois agir. Des marges du désert qui envahit déjà la moitié nord du pays, jusqu’en Casamance où les rivières se meurent suite à la disparition des mangroves, des rives du fleuve Sénégal dont les lamantins sont coincés dans les turbines des barrages, à la mer salie, meurtrie, qui n’arrive plus à nourrir les hommes, je me suis glissée dans son ombre.
« La protection de l’environnement au Sénégal comme dans tous les pays pauvres, ce n’est pas de l’écologie, c’est de la survie », ne cesse-t-il de répéter. Il faut agir vite et partout. Depuis plus de vingt-cinq ans, sous l’eau, caméra au poing, à l’ombre de l’arbre à palabres, dans les bureaux du gouvernement, Haidar combat, à mains nues parfois, sur tous les fronts ;; celui de la mer, en s’opposant farouchement à toute pêche illégale afin d’assurer aux pêcheurs leur poisson quotidien ; celui des forêts, en s’élevant contre la désertification et en repeuplant les mangroves qui garantiront le riz de demain ; aux côtés des hommes enfin, en s’engageant en politique dans le but de réagir contre l’inertie ambiante, de mener les Africains qui l’entourent à refuser toute fatalité.
Atteindre le cœur des gens et réveiller leur conscience, tel est le credo d’Haidar El Ali, l’écologiste du Sénégal.
Parce qu’il est convaincu que « l’on protège mieux ce qu’on valorise », Augustin a préparé les actions pour la deuxième phase de son projet de « Casamance Ecoparc » : la phase de la valorisation des ressources de l’Ecoparc. Pour cela, il souhaite :
Mettre en place un « Sentier écologique » et aménager un écolodge « Ecole Nature » d’une façon éco-responsable en utilisant l’énergie solaire. Ecole Nature va accueillir les étudiants et les écoliers qui viennent de loin. Ainsi ils pourront profiter plus longtemps de l’Ecoparc, notamment pour les besoins de leurs études.
Restez connectés sur www.ecofund.org et découvrez bientôt la deuxième phase du projet Casamance Ecoaprc !
Pour rappel, l’idée de créer l’Ecoparc Casamance est née de l’urgence de préserver un des derniers poumons verts de la région pour les futures générations. Les images de Google prises en Juillet 2013 permettent de mieux comprendre l’enjeu du projet : elles témoignent de la déforestation en Casamance, notamment sur le littoral.
La côte de la basse Casamance avec sa station touristique au Cap Skirring (Club Med) est réputée la plus belle de tout le Sénégal. Le développement urbain, même si très modeste par rapport à son potentiel, à cause de la rébellion casamançaise, a favorisé une spéculation foncière (p.e. la culture de riz et la construction des villas de vacances), ce qui a contribué à la destruction de la forêt littoral notamment entre Kabrousse, Cap Skirring et Boukot. Par exemple, le Parc National de la Basse Casamance n’est plus protégé et sa faune et flore ne sont plus recensées depuis l’éclatement de la rébellion casamançaise au début des années 1980. La parties grises, notamment entre la côte et l’Ecoparc, sont des rizières.
Selon Augustin, si le processus d’urbanisation continue, dans quelques années il n’y aura plus de poumon vert entre les localités citées. Cette dynamique destructive aurait pu emporter la forêt d’Ecoparc, si Augustin et son association APES n’avaient pas initié le projet d’Ecoparc. A part la spéculation foncière, deux principales menaces continuaient à peser sur la forêt de l’Ecoparc :
La forêt près de Diembering est désormais protégée non seulement de la spéculation foncière grâce à la création de l’Ecoparc Casamance mais aussi contre les menaces de pâturage et de braconnage grâce à la clôture financée par notre Communauté d’Ecofund. La clôture a été fabriquée à Dakar, Sénégal, par une entreprise locale spécialisée dans la protection des réserves naturelles : Premièrement, grâce à la taille des mailles du grillage, suffisamment larges, la clôture préservera les continuités écologiques, c’est-à-dire la circulation des espèces (petits mammifères, insectes, amphibiens, reptiles, mollusques) qui jouent parfois un rôle important dans la dispersion des graines et donc la régénération de la forêt. Deuxièment, elle est suffisamment robuste, fabriquée avec un métal galvanisé, pour mieux résister aux conditions climatiques en Casamance, forte humidité et sel de mer.
Les images montrent l’impact de la déforestation entre 2004 et 2013 en Basse Casamance.
Grâce à la Communauté d'Ecofund, grâce au soutien de l’Ambassade d’Allemagne et de l’entreprise Eiffage Sénégal, le 5 juillet 2013 la clôture de protection de la forêt de l'Ecoparc à Diembering en Basse Casamance, au Sénégal, a pu être inaugurée.
"Pour notre communauté rurale, il s'agit d'un partenariat gagnant-gagnant entre nature, tourisme et économie", a déclaré notre Champion Augustin Diatta
Le Ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable, Monsieur Haidar el Ali, assistait également à la cérémonie d’inauguration de Casamance Ecoparc et a annoncé vouloir créer un "poumon vert’’ dans chaque village de Casamance à l’exemple de l’Ecoparc.
En effet, APES a signé une convention avec le Président du Conseil Régional de Ziguinchor portant sur la protection durable de la forêt de l'Ecoparc ainsi que sur la sensibilisation de la population locale et sur l'éducation environnementale des écoliers.
A l’occasion de l’inauguration de l’Ecoparc, en présence du Ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable, M. Haidar el Ali, la société Eiffage Sénégal, l’Ambassade d’Allemagne et la Communauté d’Ecofund (39 parrains) ont reçu un « Diplôme d’Ecofunder » pour leur soutien à la protection de l’Ecoparc Casamance.
Le « Diplôme d’Ecofunder » est plus qu’une reconnaissance : signé par Son Excellence, Sibiloubaye Diedhiou, Roi de Oussouye, le Président du Conseil Régional de Ziguinchor, M. Lamine Sagna, et le Président de l’Association pour la Protection de l’Environnement au Sénégal (APES), M. Augustin Diatta, ensemble avec la Convention de partenariat le « Diplôme d’Ecofunder » documente l’engagement fort de l’autorité morale (le Roi), de la collectivité locale et de la société civile pour la protection durable de la forêt d’Ecoparc.
Grâce à la Communauté d’Ecofund, et notamment grâce à notre plateforme web de financement participatif, Augustin a pu présenter au grand public son projet d’Ecoparc et lever des fonds en ligne pour financer la clôture en 2012 : 39 parrains de l’Espagne, de l’Allemagne, de France, du Luxembourg, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de l´Australie, et des Etats-Unis ont chacun donné entre 5 et 250 euros, pour un total de 2.500 euros. Séduits par le projet d’Augustin et encouragés par la Communauté d’Ecofund, Eiffage Sénégal et l’Ambassade d’Allemagne ont fait une donation importante et ont ainsi permis de clôturer le budget total du projet de 22.500 euros (soit 14,7 millions FCFA), v. tableau ci-dessous.
La clôture que vous avez contribué à financer, a été finalement livrée à Ecoparc Casamance le 25 mai dernier.
Le transport de la clôture par la route de Dakar à Diembering, en total 500 km, a duré 3 jours. Le camion a été obligé d’attendre pendant une journée et une nuit le bac pour passer la frontière gambienne, le fleuve Gambie.
Ici il s’agit de transporter une clôture, mais imaginez les petits commercants agricoles qui doivent transporter régulièrement des produits frais de la Casamance à Dakar. No vaut mieux ne pas l’imaginer … c’est très dur.
Augustin est ravi, et n'a pas attendu un jour de plus pour commencer à poser la clôture. Avec ses amis de la communauté de Diembering, Augustin ne chôme pas et bientôt l'Ecoparc sera bien protégé.
Tous nos encouragements pour la dernière ligne droite !
Nous profitons de l’occasion pour dire un « GRAND MERCI » à notre communauté, les 39 donateurs, l’Ambassade d’Allemagne et la société Eiffage Sénégal pour votre soutien au projet d’Augustin.
La dispersion du palmier rônier (Borassus aethiopum) en Afrique – un arbre originaire des plateaux éthiopiens – est en grande partie due aux migrations des éléphants. Une légende prétend qu’un ancêtre qui avait longtemps voyagé est revenu ici, en Afrique, détenteur de tous les secrets de ses richesses.
Au Sénégal, on l’appelle la sentinelle de la savane. Il fait tout à la fois office de lieu de nidification pour les oiseaux et d’abri pour les insectes, les rongeurs ou les animaux qui viennent s’y réfugier en cas d’incendie, car il présente une bonne résistance aux feux de brousse. Tout est bon dans le rônier, un arbre utile à 100 %. De ses palmes, on fait des lits, des chaises, des bibliothèques, des paniers, des balais. Dure et rigide, la nervure centrale de la palme est essentiellement utilisée pour la fabrication de meubles. Grâce à elle, on peut aussi calmer les maux de ventre, chasser les parasites. Bien gérée, l’exploitation du rônier ne génère aucun déchet ni gaspillage. Il est donc, pour les paysans de l’Afrique sahélienne, un véritable patrimoine, reproductible de surcroît.
Dans la région de Kédougou – qui se distingue par la richesse de ses forêts et par la déforestation –, il est de tradition, chez les Bassaris, de récolter le vin de palme, le bounouk. En agissant comme leurs ancêtres, les Bassaris d’aujourd’hui n’ont pas conscience que cette ressource est en train de s’épuiser. L’engouement pour le vin a de sérieuses conséquences écologiques. Un arbre produit en moyenne 7 litres de sève par jour. Saigné pendant trente ou quarante jours, l’arbre meurt après avoir donné 200 à 300 litres de sève. Le nombre de rôniers diminue sérieusement. « Que restera-t-il pour les générations futures s’ils tirent le vin jusqu’à la dernière goutte ? », alerte Haidar dans son film.
Mort sur pied, vidé de son sang, son tronc est alors exploité. C’est l’affaire des bûcherons. Une fois abattu, le tronc du rônier est partagé dans toute sa longueur. Installés à chaque bout, les hommes ne mettent pas longtemps à le débiter. Le tronc se fend en suivant les fibres de sa chair blanche. L’écorce imputrescible est très prisée dans les chantiers maritimes et la construction des ponts ou des charpentes. Un arbre de belle taille donne une vingtaine de lattes. Il faut donc plusieurs arbres pour construire une seule maison. À raison de 30 centimètres de croissance par an, il faut plus de trente ans au rônier pour atteindre sa taille adulte ; et moins de trente minutes pour l’abattre.
Après avoir suivi les Bassaris, récolteurs de sève, Haidar est parti à Fandène, à 7 kilomètres de Thiès. Sa caméra a saisi les charrettes tirées par des ânes transportant d’énormes cargaisons de palmes toutes vertes, les paniers finement tressés, empilés au bord de la route. Plus loin, de jeunes rôniers de différentes tailles en train de pousser prouvent la bonne gestion de la ressource. Les villageois de Fandène ne pensent pas qu’à couper. Ils plantent depuis toujours pour assurer l’avenir de leurs enfants. Fandène est ainsi devenue la plus grande forêt de rôniers du Sénégal.
Le rônier est pour l’Afrique de l’Ouest une fabuleuse ressource bafouée, hélas, par les lois et les hommes.
« La forêt a-t-elle autrefois couvert tout le Sénégal ? »
Écoute : dans les années 50, mes parents, revenant de Dakar, s’en allaient à Louga (Louga est à 200 kilomètres au nord de Dakar). Ils roulaient sur une piste étroite, au milieu de la forêt, quand ils ont tamponné une panthère. Ils n’osaient pas la dépasser, tant la forêt en plein jour était sombre.
En Europe, la conscience de la nécessité de protéger les forêts est arrivée à peu près en même temps que la technologie, si destructrice. Chez nous, la tronçonneuse est arrivée alors que la conscience n’était pas réveillée. La tronçonneuse a donc coupé les arbres à une vitesse « grand V », exploitant la ressource sans aucune gestion politique ou vision durable. D’un coup, c’était si facile d’accéder à la ressource, au bois, que les gens se sont mis à produire facilement le charbon, le bois de chauffe, le bois d’œuvre ou le djembé, par exemple.
« Avant les années 70, il y avait beaucoup de forêts ici ? »
Non, mais quand même, c’était boisé ; on trouvait encore beaucoup d’arbres au milieu de la savane, de grandes forêts sèches. » En effet, le nord et le centre du pays sont essentiellement couverts de savanes arbustives et arborées sur les zones bioclimatiques des domaines sahélien et soudanien. Les forêts claires et les reliques de forêts denses ne se rencontrent qu’au sud, en Casamance et à l’est. Elles concentrent, dans ces deux régions, 90 % du potentiel forestier.
Depuis que le prix du baril de pétrole n’a cessé d’augmenter, le Sénégal, plus encore que tous les autres pays de la sous-région (le Sénégal a le plus fort taux d’urbanisation dans la zone sahélienne), a connu une dégradation prononcée de ses ressources forestières, lesquelles constituent la principale source d’énergie encore accessible pour la majorité des populations.
Le Fonds des Nations unies pour l’alimentation (FAO) déclare que le Sénégal perd chaque année environ 45 000 hectares de forêt. La récession climatique, les feux de brousse et la compétition des terrains agricoles dominés, pendant les cinquante dernières années, par la culture de l’arachide, sont les causes principales du recul des formations forestières qui recouvrent encore 25 % du territoire sénégalais.
La pression exercée par l’exploitation forestière pour approvisionner en combustibles ligneux les agglomérations urbaines est de plus en plus reconnue comme la cause majeure de la disparition des forêts au Sénégal. Le charbon de bois représente près de 90 % de l’énergie domestique et plus de 48 % de l’énergie nationale. Malgré leur statut juridique caractérisé par la restriction réglementaire de leur usage, les forêts classées n’échappent pas au processus de dégradation des ressources. La réglementation est constamment violée par les populations confrontées souvent à des problèmes aigus de subsistance.
La « véritable banque verte » que fut la forêt sénégalaise est en train de perdre ses précieuses économies.
La légende prétend que les dieux, s’étant aperçu, le dernier jour de la création du monde, qu’ils avaient oublié de planter le baobab, l’ont jeté depuis les cieux. Depuis, il est devenu l’emblème du Sénégal.
Arbre massif et millénaire, au tronc généreux et au bois mou, qui paraît avoir été retourné, ses branches irrégulières comme autant de racines vers le ciel, le Baobab est esthétiquement unique. Il l’est aussi de par ses diverses propriétés qui en font une des espèces fruitières les plus utiles du Sahel :
- Source d’alimentation. Toutes les parties du baobab sont exploitées pour se nourrir : Les racines et les feuilles qui, bouillies, contiennent du calcium, du fer, du magnésium et du phosphore. Une fois grillées, les graines, très nourrissantes, remplacent le café. Le fruit, appelé « pain de singe », contient deux fois plus de calcium que le lait et sa pulpe donne une boisson très populaire, délicieuse et sucrée : le jus de bouye. Surtout, le tronc du baobab peut stocker plus de 100 000 litres d'eau, ce qui est essentiel à la survie de nombreuses tribus nomades.
- Arbre thérapeutique. Dans la médecine traditionnelle, le baobab est utilisé pour lutter contre les problèmes digestifs, le jus de bouye étant antidiarrhéique. De plus, ses feuilles sont infusées pour limiter les fièvres du paludisme.
- Arbre à cordes. L’écorce est constituée d’une matière fibreuse qui permet de fabriquer des cordages, des tissus, des filets de pêche et des cordes pour les instruments de musique.
- Une valeur culturelle forte. Arbre symbole d’Afrique de l’Ouest, source inépuisable d’inspiration pour peintres, musiciens et poètes, lieu magique qui cristallise espoirs et superstitions des communautés, il servait aussi de sépulture aux griots, ces conteurs et bardes que l’on évitait d’enterrer en pleine terre, de peur que celle-ci ne devienne stérile.
- Un arbre menacé. C’est St Exupéry, dans le Petit Prince, qui le dit le mieux : « C'est ainsi que, le troisième jour, je connus le drame des baobabs ». Fortement menacés par des pratiques agricoles trop intensives, notamment pour ce qui est de la récolte des fruits et des feuilles, les baobabs sont aussi victimes de la spéculation foncière. Cette dégradation est importante : le défrichement annuel est estimé à 4% en Afrique de l’Ouest. A ce rythme-là, dans 25 ans il n’y aura plus de baobab.
Dans l’Ecoparc d’Augustin, les baobabs seront protégés et les villageois pourront profiter de ses multiples vertus.
Extrait du livre « Haidar El Ali, itinéraire d’un écologiste au Sénégal » Bernadette Gilbertas, éditions Terre Vivante
Femmes et enfants se joignent à nous tout au long du chemin. Notre file indienne, colorée et joyeuse, a repris sa procession à travers les arbres. En contournant un manguier gigantesque, je me souviens d’une histoire racontée un soir par Haidar, celle d’un village, Hatioune, non loin d’ici je crois, qui ne voulait pas couper ses arbres.
Il y a des années de cela, les anciens du village d’Hatioune se rassemblent sous un grand arbre. Le sujet de leur réunion est très important : la population a augmenté toutes ces dernières années et le village doit être agrandi. Ils discutent longuement, afin de savoir quel serait le meilleur choix à faire pour agrandir le village : soit ils coupent les arbres fruitiers qui le ceinturent, soit ils le déplacent tout entier. Après de longues palabres, la décision est enfin prise par tous : personne ne pouvant se résoudre à couper les arbres qui leur procurent tant de bienfaits – des fruits, du bois, de l’ombre –, tout le village, maison après maison, est déplacé.
Nous sommes arrivés à l’entrée de la pépinière qu’Abdou a aménagée avec les femmes du quartier de Bignona. Carottes, persil, oignons, tomates, ananas… Tout pousse merveilleusement dans cette terre fertile. Femmes et enfants nous ont rejoints. Ils veulent tous leur photo à côté des petits lopins de potager verdoyants et tirés au cordeau. Après une énième réunion, un dernier palabre sous un manguier énorme, après les derniers applaudissements des femmes, les encouragements d’Haidar, nous reprenons la route de sa campagne électorale.
Qu’adviendra-t-il de la Casamance tout entière, de ses forêts humides et de ses mangroves, si ses gardiens séculaires ne se perpétuent pas ?
La pose de la clôture, dont l’achèvement était prévu pour la mi-octobre, a été retardée à cause d'une saison de pluies exceptionnellement forte et longue. Encore le weekend dernier, le 10 et 11 novembre, des pluies hors saison se sont abattues sur Cap-Skirring, et notamment sur Ecoparc.
C'est une bonne chose pour notre Casamance verte comme l'indiquent les photos prises il y a 2 semaines, en Octobre dernier, à l’entrée de l’Ecoparc.
Cette saison de pluies exceptionnelle a empêché jusqu'à aujourd'hui l'intervention des grands engins, nécessaires pour préparer le terrain pour la pose de la clôture.
Mais comme d’habitude, notre champion Augustin n’attend pas, il a signé une convention avec le Président du Conseil Régional de Ziguinchor portant sur la protection durable de la forêt de l'Ecoparc ainsi que sur la sensibilisation de la population locale et sur l'éducation environnementale des écoliers.
L’entreprise locale spécialisée dans la protection des réserves naturelles, la S.I.F. Clôture Ferlo, a déjà fabriqué la clôture. Elle est stockée dans ses ateliers en attendant la fin de la saison des pluies, v. les photos ci-dessous.
Nous estimons que début décembre nous allons pouvoir commencer les travaux de la pose de la clôture. Nous vous en informons, suivez les actualités du projet en ligne !
Entre le fleuve Sénégal et la Guinée-Bissau, le littoral atlantique regorge d’anciens amas coquilliers, comme dans le delta du Saloum. Ces îlots paléolithiques témoignent de la grande consommation de coquillages des hommes de l’époque. Les archéologues, qui s’intéressent depuis peu à ces « restes de cuisine », ont retrouvé des fragments de poterie et des traces de foyer. Autrefois utilisés comme des nécropoles où étaient enterrées les personnes de haut rang, ils sont toujours considérés comme des lieux sacrés par les habitants du Saloum.
Les rives du bolong s’écartent. Derrière la silhouette longue, sèche et noueuse d’Ibrahima, debout à l’avant de la pirogue, je découvre le fleuve. En face de nous, un mirador. « Bienvenue à Bamboung ! » lance Jean. À son sourire immense, je sens combien il est heureux de cette réussite. C’est son bébé. Il y a passé un temps fou. Et le résultat de sa persévérance est là ! Ici, en 2002, Toubacouta, Soucouta, Sipo, Bettenti, Nema Bah, Dassilamé et sept autres villages se sont unis et ont délibéré, à l’unanimité, sur la création de la première Aire marine protégée communautaire, entérinée par décret présidentiel en 2004. Tous ont été d’accord pour y interdire la pêche – un véritable sacrifice pour les Sérères, ce peuple issu de la mer. Mais leur engagement a été si fort qu’ils ont même refusé que l’on touche à la zone-tampon, traditionnellement prévue dans toute AMP.
Du haut du mirador, Dianoune et Babacar agitent les bras, nous invitant à grimper à l’échelle et à partager un thé qui trompera quelque temps leur solitude. « Ici, on boit beaucoup dou té (du thé), m’explique Babacar. Ça nous permet de rester sans dormir pour surveiller la zone. » Dianoune et lui font partie des seize surveillants, désormais rétribués pour leur travail, qui s’y relayent pour des périodes de quarante-huit heures afin d’interdire l’accès à tout pêcheur. De là-haut, ils veillent sur un trésor : l’AMP du Bamboung, 7 200 hectares d’un écosystème fort riche, une mangrove peu touchée qui joue particulièrement bien son rôle de frayère et de nurserie à poissons.
Créer une Aire marine protégée, c’est tout d’abord en définir les contours. Installées en avril 2003 par les pêcheurs eux-mêmes, les balises avertissent clairement les pêcheurs que leurs filets ne sont pas les bienvenus. Reconvertis en écogardes, ils endossent un uniforme et consignent sur un carnet toutes les infractions commises. L’IRD – Institut pour la recherche et le développement – réalise alors pour le compte de l’Océanium un état de référence de l’ichtyofaune. Deux ans après, les mêmes chercheurs sont enthousiastes. L’interdiction de pêche a rapidement porté ses fruits : la taille moyenne des poissons a augmenté, seize nouvelles espèces ont investi l’Aire marine, dont le thiof (Epinephelus aeneus), reproducteur lent particulièrement menacé qui fréquente la zone pendant ses premiers âges. La biomasse globale a fortement augmenté et le dauphin, le plus grand des prédateurs, capable de remonter dans les fleuves et que l’on n’avait pas vu depuis bien longtemps, a réinvesti la zone. Les pêcheurs eux aussi sont fiers : le thiof est un poisson si noble, si fort, si beau, que c’est le nom que l’on donne aux jeunes hommes, particulièrement à Dakar…
A première vue, le Sénégal, c’est sa côte littorale et les terres arides du Sahel où il ne pleut que très rarement…Pourtant, forêts, steppes, réserves et savanes boisées recouvrent 32% du territoire ! Saviez-vous, par exemple, que le Sénégal compte plus de 200 forêts classées ?
C’est dans le Ferlo, au Sénégal Oriental, au Sine Saloum et en Casamance qu’est située l’immense majorité des savanes boisées et forêts du Sénégal. C’est parce qu’elle est un axe majeur de la vie sociale, économique et culturelle du pays que la forêt est la cible de nombreux projets de protection et de reboisement. En effet, le rythme de déboisement annuel pour l’utilisation du bois de combustible y est par exemple deux fois plus élevé que celui de la reforestation…
C’est donc pour préserver le bois, la végétation et la biodiversité que 213 forêts ont été classées (soit 624 800 ha) par le Gouvernement du Sénégal. Classer une forêt donne un cadre juridique notamment pour restreindre le défrichement et l’exploitation des produits forestiers tout en accentuant le reboisement et la prévention de l’érosion des sols. Ce classement a permis de protéger ces poumons verts et de développer des activités économiques comme l’éco-tourisme.
Cependant, malgré les efforts, la plupart des forêts classées n’échappe pas non plus à la dégradation et au déboisement, dus à des facteurs naturels comme la sécheresse ou la salinisation mais surtout aux activités de l’homme. Grâce à vous, le projet de clôture naturelle d’Augustin va rendre réelle et encore plus efficace cette volonté de protéger la forêt du surpâturage et des feux de brousse !
De retour d’un week-end extrêmement contrasté: La belle ville de Saint Louis, classée au patrimoine mondial de l’humanité par UNESCO, abrite la 20ème édition de son festival international de jazz et la 10ème édition de la biennale d’art panafricain, avec des groupes, des artistes et des visiteurs venus des quatre coins du monde. Les sons et les décors sont de classe mondiale. Les expositions vous font voyager au sein de l’art moderne africain. Les hôtels et restaurants regorgent de touristes qui passent des moments agréables en savourant les spécialités franco-africaines… Des moments agréables ? Pas tant que ça !
Ces visions charmantes et mondaines contrastent durement avec la pauvreté, la poussière omniprésente, la dégradation des ressources : à portée des vibrations du festival de jazz et en face des hôtels et restaurants, le village artisanal des pêcheurs flotte sur une montagne de déchets. La poussière des déchets brûlés envahit le paysage et teint de gris l’habituel ciel bleu de Saint Louis. Quand il n’y a pas de poussière, des centaines de mouches – laides et grosses, de l’espèce qui se nourrit des déchets- envahissent votre assiette et les jardins des restaurants chics. La pollution de l’air, du sol et de l’eau est visible de partout, sans échappatoire, et personne ne semble s’en émouvoir. La léthargie de la population face à ces déchets reflète l’absence de moyens et d’outils pour trouver des solutions durables.
Après ce week-end de contrastes, il est plus évident que jamais que nous devons stopper la dégradation de nos ressources naturelles. Nous devons faire face à ce challenge, en partant à la base et en encourageant les initiatives locales de gestion des déchets. Un petit effort peut déjà avoir un grand impact. Ecofund est à vos côtés pour dynamiser vos efforts. En plus, en Septembre nous allons lancer notre Ecoforum, qui vous donnera la voix pour alerter, débattre et ensemble trouver des solutions aux défis comme celui-ci, les montagnes des déchets.
Rejoignez-nous et postez vos impressions, expériences et idées sur notre Ecoblog et notre page Facebook, pour notre avenir plus vert !
Le projet ‘’Ecole nature’’ a été initié par notre champion Augustin Diatta. Son objectif est de mobiliser les jeunes de sa région natale, la Casamance, dans le sud du Sénégal, pour protéger leur magnifique nature subtropicale. Chaque semaine, une campagne de sensibilisation et de nettoyage est organisée dans des villages en Casamance. Samedi dernier, le projet «Ecole nature » s’est simultanément déroulé dans les établissements scolaires de 3 villages : Siganar, Karounate et Niambalang (Sud-ouest de Ziguinchor).
D’abord, les organisateurs ont exposé dans la cour de l’école de Siganar le matériel de nettoyage : brouettes, de pioches, de râteaux et de balais. Ensuite, après quelques minutes d’explications, les élèves partis ramasser les déchets plastiques afin de nettoyer le village.
Le Principal du collège de Siganar a déclaré que cette opération de sensibilisation des élèves sur les dangers des déchets plastiques est une ’’première’’ dans son établissement. L’éducation à l’environnement n’a jamais été initiée jusque-là dans le collège’’, a-t-il dit, soulignant que son administration ’’va encourager les élèves à reboiser et à créer un jardin potager dans l’établissement’’.
Elève en classe du collège de Siganar, Rosalie François Diatta, compte sensibiliser ses parents sur les dangers des déchets plastiques, en leur conseillant de ne pas les laisser dans la nature après l’usage.
En effet, "si on ne procède pas au ramassage des déchets plastiques, ils sont là pour cent ans. Les déchets plastiques sont dangereux pour la santé des populations, l’environnement et la faune’’ a averti Augustin. Le projet « Ecole Nature » est un succès mais le défi de protéger l’environnement contre les déchets plastiques demeure : "pour le moment, nous ne disposons pas d’une unité de transformation des déchets plastiques en Casamance. Nous avons des tas de déchets plastiques, mais nous ne savons pas quoi en faire’’.
L’ambassade d’Allemagne au Sénégal et l’entreprise sénégalaise de bâtiment Eiffage apprécient beaucoup vos efforts pour la protection de l’Ecoparc et ont décidé de contribuer chacune de 9.000 euros à la somme de 2.500 euros déjà récoltée sur Ecofund !
Pendant la prochaine saison des pluies, au lieu de planter des citronniers qui constitueraient une clôture naturelle, la forêt va être protégée immédiatement: la somme totale de 20.500 euros permet la fabrication locale, le transport et la pose d’une clôture professionnelle autour de la forêt (v. photo ci-dessous). La clôture sera fournie par l’entreprise locale spécialisée dans la protection des réserves naturelles, la « SIF Clôture Ferlo » au Sénégal.
C’est une excellente nouvelle pour notre communauté Ecofund, pour l’Ecoparc et pour les générations futures ! Et c’est grâce à vous !
Dans les prochaines actualités de l’écoprojet, nous vous informons au fur et à mesure sur la réalisation de la clôture. Suivez les actualités du projet !
Dans 45 jours les leaders mondiaux et des représentants des gouvernements, du secteur privé des ONG se réuniront au Brésil lors de la Conférence des Nations Unies pour un Développement Durable, nommée Rio+20. Les participants vont discuter et (nous espérons) se mettre d’accord sur un concept d’un développement durable.
Le développement durable, qu’est-ce que c’est ? Selon la définition des Nations Unies, le « développement durable assure les besoins de la présente génération sans compromettre la satisfaction des besoins des générations futures. »
Le mot « besoin » semble bien être le mot clé de cette définition. Imaginez : nous pourrions produire moins de plastique, ne plus couper les arbres que nous plantons, consommer local et réduire les émissions CO2 dues au transport des marchandises, préférer des produits utiles et durable au lieu du bling-bling … nous pouvons décidemment faire beaucoup pour changer nos besoins et changer du coup les besoins des générations futures !
Pour que le concept global d’un développement durable tel que conçu à Rio+20 soit un succès, il doit être pratiqué par nous tous.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dans les jours qui viennent, et ce jusqu’à la conférence Rio+20, nous aimerions savoir ce que vous, vous entendez par développement durable, à l’échelle des individus. Nous aimerions connaître vos idées, vos astuces, tous les petits efforts que chacun peut faire et qui comptent pour préserver notre patrimoine naturel pour les générations futures.
Regardez la vidéo « Our little world » (Credits & Contact) et exprimez-vous en postant votre idée ici sur notre Ecoblog ou sur notre page Facebook.
Les 3 meilleures idées seront présentées sur notre Ecoblog.
Augustin, notre champion de Casamance, mobilise avec de succès les jeunes de sa région autour de la protection de l’environnement. Dans les semaines qui viennent, ils vont ramasser des déchets, notamment ceux en plastique, et mener des petites campagnes de reboisement de la forêt et des villages : Dans sa localité, Augustin change les mentalités pour notre planète plus verte ! Ecoutez-le vous présenter son projet « école nature ».
Le bulbul fourmilier est la deuxième espèce que nous avons recensée lors de notre « expédition » de terrain.
Cette espèce a immédiatement indiqué la particularité de l'Ecoparc ; bien qu’assez commune, le bulbul fourmilier est en effet associé aux forêts d’Afrique de l'Ouest et Centrale, toutefois au Sénégal et en Gambie, on ne l’observe que dans quelques milieux forestiers du sud-ouest. Les forêts de Casamance étant rarement visitées par les ornithologues, nos observations de bulbul fourmilier sont ainsi les premières rapportées depuis 1979 ! Nous étions donc au comble de l’excitation !
Cette espèce fait partie des nombreux oiseaux insaisissables de la famille des bulbuls, plus souvent entendus que vus. Aussi, comme de nombreuses autres espèces forestières, nous avons peu de connaissances sur sa biologie. En revanche, ce que nous savons, c’est qu'à cause de la déforestaion la fragmentation des forêts d'Afrique de l'Ouest constitue une menace pour de nombreuses espèces forestières qui ne peuvent survivre que dans les forêts de grande superficie. Une récente étude effectuée au Ghana a cependant montré que le bulbul fourmilier tolère des forêts de plus petite superficie avec moins de grands arbres, ce qui est confirmé puisque nous avons pu constater sa présence dans l’Ecoparc en Casamance. Protégeons l’Ecoparc pour que l’on puisse faire de nouveau l’expérience passionnante et de redécouvrir le bulbul fourmilier encore dans quelques années !
Le 4 avril 2012, le nouveau élu Président sénégalais a nommé Haidar El Ali, notre ecopartenaire, Ministre de l’Ecologie et de la Protection de la Nature. Félicitations !!!
Le bateau cogne sur les vagues. Nous sommes trempés. Voici le moment de jeter l’ancre. Haidar affûte un couteau sur une pierre fixée à son avant-bras. Il se dresse et s’installe en équilibre à la proue du bateau. Bras et jambes écartés, humant le large, il aspire à pleins poumons. Ses lèvres remuent. Que dit-il ? On le dirait en prière. Il est ému, très ému. Au bout de quelques minutes, il revient parmi nous, et se jette aussitôt sur son ami tout aussi bedonnant, et le bascule par-dessus bord. Stupéfaction de Daniel, éclats de rire d’Haidar. L’eau est très froide, turbide, la visibilité réduite. Je ne plongerai pas. Je n’ai pas le niveau requis. Arracher les vieux filets qui gisent accrochés sur les épaves jonchant les fonds tout autour de la presqu’île, dans une eau froide et opaque, exige un niveau 4.
Pour descendre, les deux hommes suivent la chaîne de l’ancre, véritable fil d’Ariane dans cette eau obscurcie par des microparticules d’algues et de sédiments. Après l’avoir vu évoluer dans Demain la mer, l’un de ses nombreux films consacrés à la mer, il m’est facile de l’imaginer sous l’eau. Tout au fond, les contours fantomatiques d’une épave. Accroché à cette carcasse, un filet gigantesque barre la route aux poissons et aux algues. Ses mailles ont emprisonné des poissons morts depuis longtemps. D’autres doivent se battre avec frénésie. Décrocher le filet et dénouer la pelote assassine est une opération complexe. Haidar a dû se munir de son couteau. Avec des gestes précis, il tranche le cordage, écarte les mailles. Il a dû tomber sur un monofilament, ce filet en nylon léger, diaphane, presque invisible, dansant au gré des courants. Un voile et pourtant une prison indestructible, imputrescible, qui enferme et tue des années durant ; il est si peu cher à l’achat que le pêcheur ne craint pas de le perdre. Accroché aux fonds rocheux, le monofilament continue de pêcher inutilement. Étalé sur des dizaines de mètres, il capture toutes les espèces de poissons qui, en mourant, attirent des charognards attendus, eux aussi, au détour d’une maille. Voici le filet devenu une chaîne de la mort. En étouffant également les organismes qui séjournent sur les fonds – comme les gorgones –, ce filet peut à lui seul anéantir la vie d’un écosystème entier. Cet engin est pourtant interdit par les lois depuis 1998. Cette année-là, la législation sénégalaise a également banni le maillage des filets inférieur à 24 millimètres pour la pêche artisanale. Mais rien n’a changé.
Une fois le filet arraché, Haidar doit maintenant l’attacher à des bidons blancs, des parachutes qui, en remontant à la surface, entraîneront l’interminable nœud de nylon, coquillages et algues agglomérés. Dans son sillage, l’eau est opaque, obscure. Christophe Rouvière, Régis Losthe et bien d’autres amis plongeurs d’Haidar m’ont confirmé ce que j’imaginais: remonter des filets perdus est une activité engagée et non dépourvue de risques. Tendu par son poids, le filet peut céder à tout instant, frapper et emprisonner un plongeur. Notre bateau, moteur à l’arrêt, a dérivé. Nous nous sommes éloignés des plongeurs dont nous surveillons en permanence le sillage de bulles.
Notre première espèce recensée dans l’Ecoparc est le Grand indicateur ; cet oiseau de couleur terne, répandu dans les forêts et les savanes d’Afrique sub-saharienne, est en symbiose extraordinaire avec l'homme. L’anecdote est connue depuis longtemps mais scientifiquement testée et prouvée seulement depuis les années 80. En effet, le Grand indicateur guide les chasseurs de miel vers les nids d'abeilles, réduisant considérablement leur temps de recherche du miel sauvage. Chacun y gagne : après la récolte du miel par les chasseurs, le nid cassé est alors plus facilement accessible à l’oiseau.
C’est au Kenya que le comportement du Grand indicateur a été étudié la première fois. Les observations ont montré que les oiseaux « inspectent » régulièrement les nids d'abeilles au début de la matinée. Chose étonnante, les Grands indicateurs répondent aux sifflets des chasseurs de miel et les guident vers les nids en poussant un cri caractéristique. Le Grand indicateur est ainsi bien connu des populations locales mais l’oiseau abandonne ce comportement dans les zones où l’on a arrêté de récolter le miel sauvage.
Lors de notre étude, nous avons d’ailleurs croisé le chemin de deux femmes de la localité qui ont rapidement reconnu l’oiseau décrit dans notre livre d’ornithologie. Le Grand indicateur constitue ainsi un bel exemple d'espèce qui, de part son comportement, entraine le maintien des activités forestières traditionnelles. Le maintien de ces pratiques favorise de ce fait la conservation de l’espèce qu’on peut retrouver dans l’Ecoparc.
Explorer l'inconnu reste une partie passionnante de l’étude de la biodiversité. L’Ecoparc se situe à moins de 10 km du Cap Skirring, l’un des principaux centres touristique du pays. Cependant, les forêts de Casamance à l'ouest de la capitale régionale de Ziguinchor sont uniques et très localisées au Sénégal. Elles sont, à l'exception de quelques zones côtières en Gambie, la limite nord du “biome” étendu de la forêt Guineo-Congolaises; forêts à feuilles persistantes dépendantes de fortes précipitations et d'un taux élevé d’humidité. Dans ces forêts denses, poussent des arbres tels que les fromagers, les baobabs, les tecks, les anacardiers, les palmiers à huile, les manguiers ou encore les caïlcédrats, arbres à la taille souvent exceptionnelle.
Ce biome accueille 278 espèces d'oiseaux dont 37 présents en Casamance. Ces espèces sont parmi les plus rares du Sénégal, en raison de leur exigence écologique très stricte. Elles sont également les moins connues. Le parc national de Basse Casamance, où la plupart des espèces sont présentes, a été fermé depuis les années 1980, et aucune autre forêt ne semble avoir été visitée par les ornithologues depuis lors. Notre voyage est la première exploration ornithologique de la forêt de Djembering.
La première chose que l’on remarque en arrivant dans ces milieux est le caractère insaisissable des oiseaux. La plupart des observations sont brèves, des vols rapides dans la canopée, et c'est seulement avec la pratique que l’on apprend à reconnaître les chants et les cris de ces espèces dont l’intensité baisse au fil de la matinée. Pour nous, la surprise est là, quand on reconnaît les phrases flûtées et mélodieuses du Rossignol, oiseau migrateur qui nous vient de l’Europe.
Heureusement, les filets que nous avons placés le long des chemins forestiers nous ont permis de capturer plusieurs espèces difficilement reconnaissables à la vue ou à l’oreille. Deux matinées de capture et d'observation ont donné lieu à six spécialistes de la forêt. Un bon début pour une première visite !
Dans la forêt, un échange avec deux femmes originaires de la région nous donne la preuve de la connaissance de ces oiseaux par les populations locales. Elles reconnaissent sur le guide d’identification que nous leur présentons plusieurs des espèces que nous avons capturées ainsi que certaines que nous n’avons pu voir. En Djola, comme dans la plupart des langues parlées au Sénégal, un nom local semble attribué aux espèces d’intérêt (annonce climatique, chasse, ravageurs de cultures etc.), et un nom regroupant plusieurs espèces proches pour les oiseaux qui présentent moins d’intérêt.
Suivez notre Ecoblog pour en savoir plus sur les espèces identifiées dans l’écoparc de Djembering !
Avant de clôturer l’Ecoparc nous sommes en train de répertorier sa biodiversité. La semaine dernière, avec l’appui de Paul, ornithologue britannique, Celine, une scientifique française du CNRS, et Folemine Manga, ornithologue sénégalais et ancien garde du parc national du Delta du Saloum, nous avons commencé le recensement des oiseaux de l’Ecoparc. Les espèces identifiées sont des espèces forestières, dont le dernier recensement officiel a été fait entre 1976 et 1980 !
Dans les prochains articles sur notre Ecoblog, nous allons vous informer sur chaque espèce des oiseaux recensés dans l'Ecoparc.
D'imposants fromagers de l'Ecoparc vieux de plusieurs siècles ...
Dans 3 à 4 ans les citronniers formeront une clôture naturelle similaire à celle de la photo ci-dessous. En plus, la communauté villageoise de Diembereng profitera des fruits de ces arbres.
Cette semaine l’équipe d’Ecofund a visité Ecoparc Casamance. Du côté nord de la forêt, Augustin nous a montré les sillons où, avec des membres de son association APES, il a planté 145 pousses de citronniers pendant la dernière saison des pluies de Juin à Septembre 2011. Six mois plus tard, grâce au climat très modéré de la forêt, la grande majorité des plants a déjà grandi en petits arbres de citronniers. Vos dons récoltés en Octobre 2011 n’ont pas encore été dépensés, ils se trouvent sur le compte d’Ecofund. Ils serviront à financer l’ensemble de la clôture naturelle (v. ci-dessous nouvelles du 02.08.2011) pendant la prochaine saison des pluies.
La charte environnementale sénégalaise a été élaborée par les élus locaux, des associations non-gouvernementales, les journalistes, et les acteurs de l’environnement pendent le symposium sur développement durable organisé par l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et la Fondation Konrad Adenauer le 31.01.-01.02.2012 à Dakar. Ecofund a participé à l’élaboration de la charte. Elle vise à ancrer la protection de l’environnement dans la société et à engager les décideurs politiques dans un développement durable.
Tous les candidats à la prochaine élection présidentielle au Sénégal prévue pour le 26 février seront invités à signer la charte.
Cliquez sur l’image pour une lecture plein écran et donnez nous votre avis sur la charte. Existent-t-il des chartes similaires dans vos pays ?
Signez la charte en postant un commentaire!
En collaboration avec La Fondation Konrad Adenauer et l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar suivez avec Ecofund les aventures de Oussou, Lucie et Khoudia, trois amis sénégalais face aux changements climatiques.
Cliquez sur l’image et dérouler la Bande Dessinée.
Augustin et son association APES ont déjà débroussaillé le côté nord d’Ecoparc et ont planté 145 jeunes plants de citronniers. Pendant le débroussaillage, ils ont été chargés par un porc épic et ont dû se retirer. « C’est d’abord un bon signe pour la richesse de la faune de notre Ecoparc », dit Augustin et ajoute en souriant « et en plus, une excellente protection naturelle » !
J’ai toujours filmé pour dénoncer. J’ai eu des moments d’émerveillement, j’en ai eu, oui, des tas, des monticules ! Parmi les plus magiques, je me souviens en particulier d’une scène, dans les moindres détails. Avec ma caméra, j’avais suivi un couple de seiches pendant toute une semaine ; un mâle de 10 kilos environ, la femelle en pesant environ 3. Le même couple dans le même endroit pendant une semaine. J’ai vu la femelle hésiter entre deux ou trois sites où elle pourrait poser ses œufs, et choisir enfin un lieu parfait, propre, bien protégé des prédateurs, à l’abri des courants violents. J’ai vu le mâle la suivre, et la femelle accepter sa semence. J’ai vu ces êtres vivants, à la fois puissants et délicats, soi-disant primitifs et soi-disant dépourvus d’intelligence, avoir une telle capacité d’agir en symbiose parfaite avec leur milieu, et reproduire leur espèce dans ce milieu naturel.
Il y a aussi ces moments intenses où je me suis retrouvé dans des lieux où l’homme n’avait jamais mis la palme, et où j’ai ressenti une émotion aussi forte que le jour où l’homme a marché pour la première fois sur la lune. Quand tu arrives dans un endroit pareil, il y a un tel sentiment de beauté ! C’est magnifique ! »
La plupart du temps, Haidar filme tout seul avec sa caméra. Il reste à chaque fois une bonne semaine, vit chez les gens, leur parle, échange avec eux. Au bout d’un moment, il peut filmer, car la confiance s’est installée. « Au Sénégal, dit-il, si tu filmes les gens dans leur action quotidienne pendant deux ou trois mois, il se développe une relation de vérité. Tu leur poses des questions, ils te répondent. » Comme pour ce film sur les modes de pêche. En gagnant ainsi la confiance des pêcheurs, Haidar avait filmé dans des secteurs où les techniques de pêche sont particulièrement ravageuses : les monofilaments, ces filets aux mailles trop étroites qui emprisonnent de tout jeunes poissons, ou ces filets perdus traînant au fond de l’océan et qui capturent des poissons pendant des années, ne profitant à rien ni à personne. Une fois le film monté, il revient voir les gens.
« Ce que vous voyez, là, est-ce que c’est normal ? » Le film provoque à chaque fois un débat. « C’est important, tout ce temps passé avec eux. » Il faut d’ailleurs que le processus soit long, car si les villageois, acteurs de la dégradation, ne s’approprient pas le projet, cela ne marchera jamais. Peu à peu, on découvre ensemble comment régler le problème. »
Et de rajouter : « C’est essentiel de montrer. L’image est une preuve. »
La mer, c’était du plaisir. Et puis un jour, en plongée, j’ai assisté à une pêche à l’explosif. Tu as déjà vu ça, la pêche à l’explosif ? Imagine une bombe artisanale bourrée de nitrate de potassium. Les gars en balancent une, deux, quatre par-dessus bord sur les bancs de poissons, au moment de leur frai. D’en dessous, je vois le carnage, les poissons morts tombant au fond, le ravage de la bombe sur les fonds marins. Là-haut dans la pirogue, ils ne voient rien. Ils ramassent ce qui remonte, à peine 20 % de ce qu’ils ont tué, sans se soucier de ce qui s’est passé, puisqu’ils ne plongent jamais. J’ai vu le carnage en profondeur. J’ai vu l’innocence des gens à la surface des eaux.
J’ai acheté une caméra d’occasion, puis un vieux caisson étanche, qui prenait l’eau ! Et j’ai commencé à filmer. Dans les années 90, mon combat pour l’écologie a commencé à prendre le dessus. Je voyais ce que subissait la mer, je voyais toute cette beauté en train de se dégrader. Je voyais des sites comme Counakhé, au large de Soumbédioune, des sites magiques où l’on plongeait, des endroits féeriques devenir des rios merda ! Quand j’ai vu ça, quand j’ai vu des gens pêcher à l’explosif, les dégâts que causaient les monofilaments, ces filets aux mailles beaucoup trop petites, quand j’ai vu toute cette destruction, cette folie humaine, j’ai commencé à prendre les armes de la parole… et de l’image.
La mer mourait. Alors, j’ai décidé de protéger la mer qui, elle, est muette.
Les forêts sont les gardiens de notre climat. Aujourd’hui, la vie de 7 milliards d’hommes dépendent des forêts. Protégeons-les, comme notre champion Augustin !
Film réalisé par Yann Arthus-Bertrand et les Nations Unies
La clôture naturelle (appelée aussi haie vive) d’Ecoparc sera composée de 2 parties : d’abord une rangée de citronniers, ensuite une bande d’acacia mellifera, plante à épines, qui remplace les barbelés initialement prévus. Le temps de laisser les jeunes acacias et citronniers grandir afin qu’ils puissent protéger la forêt, une clôture en bois sera érigée dans les endroits les plus menacés. Pour visualiser la clôture d'Ecoparc, inserez le lien (Casamance_Ecoparc_Limites_2011.kml) dans Google Earth. Les dons récoltés permettront de financer le bois et la pose de la clôture. Le bois provient d’une plantation contrôlée par les Eaux et Forêts de Ziguinchor, la capitale de la Casamance. La plantation des Eaux et Forêts sert également de champs de formation des jeunes gardes forestiers dans le cadre de la coopération entre le Sénégal et la Suisse.
Je n’ai rien créé du tout. Un jour, dans les années 80, j’ai croisé la route de Jean-Michel Kornprobst, un professeur à la faculté des sciences de Dakar qui adorait la mer et qui avait ouvert un laboratoire de chimie organique marine au Sénégal. C’est lui, le fondateur de l’Océanium ».
Pour ses recherches, Jean-Michel Kornprobst s’est vite rendu compte qu’il lui fallait ouvrir un centre de plongée car aux alentours de 1975, il n’y avait encore aucune structure de ce type au Sénégal. En 1984, il crée le club Oceanium, hébergé tout d’abord à l’hôtel voisin, le Savana. Jean-Michel lance les toutes premières activités sportives du club et organise le premier championnat de chasse sous-marine auquel s’était inscrit Haidar. Puis, l’Oceanium trouve enfin des locaux à sa convenance dans l’ancien club des provinces de France, le CDPF, et ne le quitte plus. Diplômes en poche, Haidar est rapidement devenu le moniteur en chef de l’Oceanium, responsable des plongées. « Un mammifère marin, plus qu’un individu… Un vrai dauphin », dira de lui Jean-Michel Kornprobst.
« La passion de Jean-Michel pour la recherche et ma passion pour la mer ont donné quelque chose qui a fait de l’Oceanium ce qu’il est aujourd’hui. Jean-Michel m’a transmis la connaissance. J’ai transmis mon engouement aux plongeurs. Je ne sais pas comment, mais j’avais ce pouvoir de faire fleurir cette passion chez les gens. Je plongeais beaucoup, mais n’avais pas encore mon monitorat avant que l’Océanium ne m’envoie en France. C’est la Coopération française qui m’a fait passer le monitorat là-bas. Alors, j’ai pu emmener beaucoup de gens à plonger. En 1988 je crois, Jean-Michel est parti. J’ai pris la direction de l’Oceanium, devenu une véritable école de plongée. Je me suis mis à gagner ma vie ainsi. L’Oceanium est devenu très connu. Le « bouche-à-oreille ». Aujourd’hui, on est toujours connus, mais pour d’autres choses. Les gens viennent encore plonger, mais moins. »
L’Oceanium a formé de nombreux corps de métier. Gendarmes, militaires, pompiers, agents des Eaux et Forêts. Nombreux sont ceux qui ont appris sous l’eau aux côtés d’Haidar. Une coopération se développe entre Haidar et les pompiers. L’Océanium est mis à leur disposition, et ils viennent faire des sessions de formation gratuites. À cette époque, il forme même les plongeurs-pompiers de Paris.
"Tout seul. J’ai mis un masque, pour regarder les fonds. Je faisais de l’apnée. Cela demande beaucoup de concentration. J’ai plongé, plongé ! De la même manière que je partais en vadrouille sur le continent, à vélo, tout seul, je m’éclipsais pendant quinze, vingt jours, comme ça, sur une simple envie, sans avertir mes parents. Je disparaissais en mer. Je ne me rendais pas compte de l’inquiétude qu’éprouvaient les gens autour de moi. C’est seulement quand j’ai commencé à découvrir la vie, avec tout ce que cela implique de responsabilités dans la société – femme, enfants, famille, parents, travail –, que j’ai pris un peu de recul. Je suis devenu un très bon ‘‘apnéiste’’. Je pouvais plonger pendant plus de trois minutes. Je me suis mis à faire du troc avec les bateaux russes. Je troquais du poisson contre du caviar, des outils, des pièces et je les revendais. Un jour, j’ai troqué du poisson contre une bouteille de plongée. J’ai gonflé la bouteille Air liquide (du nom d’une société implantée à Dakar). Je n’aimais pas trop cette bouteille. Tu la gonfles, tu plonges trente, quarante minutes et c’est fini. En apnée, tu peux plonger toute la journée. J’ai garé la bouteille jusqu’à ce que je devienne chercheur d’épave."
Chercheur d’épave ?
"Oui. Je me suis mis à chercher l’épave du navire avec lequel le gouverneur général de l’Afrique occidentale française, Pierre Boisson, fidèle au régime de Vichy, aurait quitté, dit-on, le pays, après s’être opposé à la tentative de débarquement des forces alliées du général de Gaulle. Le bateau chargé de butin aurait coulé entre Bargny et M’Bour. En le cherchant, j’ai bien sûr découvert des centaines d’épaves, mais aucune de valeur. »
De chercheur de trésors, Haidar devient ferrailleur, démontant les pièces intéressantes. Il trouve parfois de vieilles armes en bronze, des canons, qu’il vend pour vivre, espérant un jour trouver son trésor.
Au nom de ma communauté de Diembereng en Casamance, j'aimerais vous remercier pour vos dons. Dans les prochaines semaines, nous allons vous informer sur nos actions concernant la clôture de l'Ecoparc Casamance et comment vos dons ont été utilisés. Merci encore ! Augustin
Bon vivant, entrepreneur et connaisseur de la nature…Ecofund vous présente Augustin !
Avec son association, APES, Augustin lutte contre la dégradation de la biodiversité dans sa région en créant un Ecoparc qui permet la préservation et la conservation des espèces animales et des plantes. L’enjeu lui tient à cœur : « Les gros arbres, surtout les fromagers, sont extraordinaires mais disparaissent jours après jours en Casamance. Il y a aussi des animaux que j’aime particulièrement, comme les biches et les singes, qui n'ont plus de grandes forêts pour se protéger des agresseurs ! Nous voulons les protéger avec cette initiative concrète».
En clôturant la forêt et aménageant l’Ecoparc, le but d’Augustin est aussi d’apporter une éducation environnementale aux jeunes, de l’école primaire jusqu’à l’université, pour qu’ils s’imprègnent des enjeux liés à la protection de leur écosystème et de leur culture : « Pour nous les Diolas, la nature est un don de Dieu et nous la respectons en exploitant ses richesses rationnellement. Mais nous perdons ce savoir-faire. Je suis par exemple très intéressé par les plantes médicinales que les nouvelles générations, qui ont quitté les villages pour les études, ne connaissent plus et ne savent plus utiliser pour soigner les êtres humains. »
Cet amour pour la nature et sa région, il l’a depuis tout petit, quand, à la fin des années soixante, il partageait son temps « entre école et sorties en pleine nature pour la pêche, les cueillettes et les travaux avec les parents dans nos champs de riz ». Après des études agricoles en France puis en Suisse, il revient en Casamance pour participer au développement de sa région en ouvrant une agence de voyages et l’éco-lodge Oudja Hôtel. Aujourd’hui, avec APES et l’Ecoparc, il continue son chemin vert pour que nous puissions tous jouir encore longtemps des beautés et bienfaits de la nature casamançaise … donc n’hésitez pas à venir en profiter !
Verte, rizicole ou fruitière, la Casamance regorge de ressources à découvrir. Depuis Dakar, il faut une nuit en bateau ou une journée en voiture pour arriver en Casamance, région située à l’extrême sud du Sénégal, entre la Guinée Bissau et la Gambie.
Pour les sénégalais, c’est le grenier du Sénégal, tant la nature y est abondante et les sols fertiles. Pour les touristes, c’est une destination de choix, entre longues plages de sable fin, culture ancestrale, villages à l’architecture complexe et cases à étages.
Casamance grenier du Sénégal, la réputation est méritée : près de 80% de la population pratique une activité agricole sur 80 000 ha de terres cultivées dont la moitié des rizières. Parmi les principales cultures il y a, le riz bien-sûr, mais aussi l’arachide, le cajou, le mil, le niébé, le maïs, le sorgho, les mangues, les bananes et pamplemousses. La nature généreuse y est profondément liée à la culture de l’ethnie majoritaire de la région: les Diolas. Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, les Diolas gardent un enracinement animiste profond. Les esprits sont présents partout et protègent chaque élément de la nature. Pour les Diola, la nature est d’essence divine, son respect et sa protection sont donc primordiaux.
Pour en découvrir plus, n’hésitez pas à contacter Augustin, le champion du projet écoparc, il vous dira tout !
La clôture : une des clés de réussite du projet ! A présent, nous n’avons plus qu’à clôturer la forêt pour éviter sa dégradation causée par le passage anarchique des animaux domestiques (vaches, chèvres..) ou pour éviter son exploitation désordonnée (coupe intempestive de bois de chauffe, projets sauvages de construction sans effet économique sur la population etc.). A l'instar des réserves naturelles comme le parc du Niokolo-Koba ou Bandia au Sénégal, il est nécessaire de clôturer ces espaces pour bien montrer leur existence aux habitants et visiteurs et accélérer leur protection (le braconnage s'arrête là). Nous avons divisé la clôture en 3 parties répondant à la priorité de la protection de notre forêt : la partie Nord mesure 1.400 mètres, la partie Sud 1.600m et la partie Est 1.200m. La somme demandée financera la plantation des citronniers et des anacardiers comme clôture naturelle pour la partie Nord, la plus menacée. Nous vous serions très reconnaissants, si nous pouvions collecter les fonds pour cette première partie dès que possible. Cela nous permettra de finaliser la plantation en octobre, avant la fin de la saison des pluies en Casamance !
1. C’est un vrai paradis terrestre !
Plages et cocotiers, fleuve et bolongs, palmeraies et mangroves de palétuviers…C'est tout cela la forêt tropicale! Parmi les espèces d'arbres les plus répandues, on trouve les énormes fromagers, les baobabs, mais aussi les bois d'acajous, tecks, cocotiers et manguiers.
2. Les arbres y ont des vertus bénéfiques !
Les palmiers donnent l'huile et le vin de palme. Le kinkéliba, lui, est un arbuste dont les feuilles cicatrisent les plaies et, qui, mâchées, amoindrissent les crises de paludisme. C’est aussi là qu’habitent et se reproduisent une grande variété d’oiseaux migrateurs et de mammifères, dont des buffles, des lamantins et des singes.
3. Il y existe des espaces sacrés !
Les sites les mieux protégés sont les forêts sacrées car le feu y est interdit et leur accès réservé aux initiés. Elles sont des lieux de culte car la nature est sacrée pour les Diolas qui se doivent de la préserver. C’est là qu’ont lieu les cérémonies rituelles liées aux grandes étapes de la vie (passage à l’âge adulte, circoncision). C’est au cours des retraites d’initiation à la vie adulte que les enfants y apprennent les valeurs traditionnelles, les règles du village, les chants et les lois.
4. Elles sont gravement menacées !
Des efforts sont faits en matière de préservation des forêts (Le Parc National de Basse Casamance, la forêt classée de Diantème, et maintenant l’Ecoparc d’Augustin), mais les forêts de Casamance restent menacées par une exploitation non contrôlée et souvent illégale (notamment du bois). Prévenir la dégradation des ressources naturelles et les conflits liés à l’accès aux ressources est important car c’est toute la vie économique, culturelle et sociale qui s’organise autour des forêts et du fleuve.
A nous d’agir ! Aidez Augustin !
Vue de près, la disparition de la forêt ne semble pas dramatique et peut même être confondue avec le développement, mais vue de loin...
La forêt couvre environ 30 % des terres émergées du globe. Elle est un réservoir d’oxygène pour les hommes et un habitat pour la faune et la flore : 2/3 des espèces animales et végétales y vivent. Au Sénégal, la forêt prend de multiples formes : savane, mangrove, forêts endémiques et tropicales en Casamance, forêt du Ferlo, etc. Patrimoine transmis de générations en générations, elle représente une base économique et sociale, un abri de la biodiversité et un réservoir de plantes médicinales. D'ailleurs, en Wolof, le même mot « carab » désigne l'arbre et le médicament. La force symbolique et culturelle de la forêt est indéniable ; pour les Diolas au Sud, certains bois sont sacrés et il y est interdit de couper les arbres. Pour les éleveurs Peuls au Nord, l’arbre est à la fois terre, air, feu, et eau ; il est l’espèce vivante la plus complète après l’homme.
Cependant chaque jour, 350 km2 de forêts sont détruits dans le monde. Le Sénégal n’est pas épargné : selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), le taux de régression des forêts a été estimé à 40 000 hectares par an pour la période 2005-2010, ce qui correspond à deux fois la forêt de Fontainebleau…soit plus de 55 000 terrains de football ! Les raisons sont multiples mais toujours le fait de l’homme : coupe d’arbres pour cultiver l’arachide, défrichements, surexploitation, et surtout production illégale de charbon et feux de brousse (responsables de 50% de la régression forestière !). Egalement près de 60 % de la mangrove a disparu en seulement 25 ans…
Il est donc urgent d’agir, au Sénégal et dans le monde. Alors en 2011, comme Augustin, veillons sur nos forêts ! Aidez Agustin à sauver 32 hectares de forêt endémique pour les générations futures!
Photos de Jean-François Hellio & Nicolas Van Ingen 2011
Augustin n'attend pas, il fonce ! A côté de son campement touristique et de ses autres activités, Augustin s’attelle aussi depuis déjà 5 ans à la constitution d'un Ecoparc. La communauté rurale de Diembereng, une localité à l’extrême sud-ouest de la région de Ziguinchor, proche de la zone balnéaire du Cap Skirring, a décidé de lui confier la sauvegarde d’une partie de son patrimoine naturel qui s’étend sur plus de 400 ha. Cette vaste superficie englobe la forêt, les dunes, la mangrove, les rizières et la mer. Avec dynamisme, ce chef d’entreprise promeut une gestion "responsable" des 32 hectares de forêt communautaire pour éviter leur disparition, mais aussi pour en faire bénéficier un maximum de personnes: à ce jour, déjà 700 visiteurs et 6 chercheurs sont venus explorer ce "poumon vert", si riche en plantes médicinales encore méconnues, en arbres fruitiers (citronniers, manguiers), en faune (singes, phacochères)… Qui sont ces visiteurs? Des écoliers, des étudiants du département agro-foresterie de l'Université de Ziguinchor, des chercheurs venus d'Europe, mais aussi des touristes séjournant au Cap Skirring, des habitants de Diembering et des villages environnants. Tous découvrent les sentiers pédagogiques déjà dessinés ou la nouvelle pépinière de filaos qui serviront au reboisement de la zone côtière. Ce reboisement sera d'ailleurs effectué par les élèves et les habitants du village. Et quand est-ce que vous serez là ?!
Nous avons signé des protocoles d’accord avec l’Université de Ziguinchor et l’Ecole des Eaux et Forêts du Sénégal! Ils ont besoin d’un champ d’études pratiques pour leurs recherches sur l’environnement et la nature, et l’Ecoparc offre justement cet espace d’observation. Encore plus de chercheurs sénégalais mais aussi européens vont venir dans notre centre d’accueil grâce à ce partenariat ! On vous attend aussi !