La pêche constitue une ressource essentielle au Sénégal : d’un point de vue économique les exportations rapportent chaque année près de 160 milliards de FCFA (240 millions d’euros), soit un chiffre d’affaire global de 2,3% du PIB ; en outre, d’un point de vue social la pêche génère près de 63 000 emplois directs et occupe près de 600 000 personnes ; et d’un point de vue sanitaire le poisson comble près de 75% des besoins en protéines dans un pays où la viande coûte de plus en plus cher et où 40% des enfants meurent de malnutrition.
Pourtant, ce secteur est aujourd’hui fortement menacé, dans un contexte où le changement climatique accroît déjà les risques de disparition de la ressource. En effet, la hausse des températures marines, l’augmentation du taux de salinisation des eaux, l’accroissement de l’érosion et la baisse de production de phytoplancton (aliment des espèces halieutiques) ont pour conséquence la modification des courants marins et l’éloignement des poissons de nos côtes.
A cela s’ajoutent trois problèmes récurrents qui frappent la pêche sénégalaise :
1. Une mauvaise gestion des ressources halieutiques
L’absence d’inventaire scientifique sur l’état des ressources halieutiques ne permet pas de mettre en place des quotas et plans d’aménagement adaptés au renouvèlement des stocks des espèces ; il importe de respecter la capacité et le temps nécessaires à la biosphère marine pour se régénérer. Par exemple, en une décennie, le thiof, la sole, la crevette et le pageot sont devenues les espèces les plus menacées, du fait d’une diminution des stocks de 50% à 90% selon l’espèce (Centre de Recherche Océanographique de Dakar).
2. La pêche illicite
Les actions illicites de pêche dans les eaux sénégalaises coûtent chaque année environ 150 milliards de FCFA (230,0 millions d’euros) à l’économie sénégalaise, qu’il s’agisse des chalutiers étrangers sans permis, des pêcheurs artisanaux s’aventurant hors de leurs zones de pêche, de la pêche d’espèces non matures ou encore de l’utilisation de méthodes de pêche non conformes aux lois internationales. Le Sénégal est ainsi victime d’une combinaison entre une pêche artisanale très dynamique et une flottille industrielle étrangère accentuant la pression sur la ressource. Ils privent les poissons et les grands mammifères de leur alimentation principale, provoquant ainsi la disparition de plusieurs espèces de poissons et de crustacés, et avec eux leurs écosystèmes.
3. Les filets perdus
L’utilisation de filets en mono-filament ou en multi-mono-filament en nylon est formellement interdite par l’article 30 du Code de la Pêche depuis 1998, alors que son importation est autorisée par le Code du Commerce. Si ces filets ne laissent rien passer en terme de pêche, ils demeurent un désastre écologique, dans la mesure où ils s’accrochent régulièrement sur les récifs et épaves où ils sont abandonnés pour ne se dégrader qu’au bout de 500 ans. Ces sont des milliers de tonnes de filets perdus qui étouffent la vie marine de nos côtes et font disparaître nos ressources halieutiques.
Que faire ?
- Etablir des systèmes d’aménagement durables des pêcheries, dans le but d’impliquer les acteurs locaux (pêcheurs et autorités) afin de respecter la régénération nécessaire des espèces
- Développer de nouveaux secteurs d’activités liés à la pêche, pour reconvertir le trop-plein de pêcheurs (comme la transformation des produits etc.).
- Renforcer les mesures de contrôle et de sanctions en matière de pratiques de pêche (par l’interdiction de l’importation des filets en nylon etc.)
- Effectuer un inventaire scientifique des ressources halieutiques