En collaboration avec Terre Vivante nous partageons avec vous sur notre Ecoblog les souvenirs et impressions que l’écrivain Bernadette Gilbertas a gardés de son voyage au Sénégal. Elle a accompagné notre écopartenaire Haidar El Ali dans sa mission de protection de la biodiversité. Ces souvenirs sont extraits de son livre Haidar El Ali, itinéraire d’un écologiste au Sénégal publié en 2010 aux Editions Terre Vivante. Une manière pour nous de mieux vous faire connaître Haidar, le Sénégal… et l’esprit d’Ecofund !
Bonjour Bernadette, vous êtes journaliste et écrivain. Après des études de géomorphologie et la direction, pendant 11 ans, de la Fédération Rhône Alpes de Protection de la Nature, vous vous êtes installée à Paris où vous écrivez, en collaboration avec votre mari photographe Olivier Grunewald, de nombreux articles et ouvrages sur votre passion commune : la nature, sa protection et ses champions.
Vous définiriez-vous comme un écrivain sur la nature ?
En tous cas, une journaliste engagée. Je ne me suis mise à l’écriture que petit à petit… pour parler d’écologie, de nature sauvage. Ce que nous aimons, avec Olivier, mon mari avec qui je travaille sur quasiment tous mes projets, c’est parler de ceux qui consacrent leur vie à la protection de la nature.
Comment avez-vous connu Haidar El Ali ?
En faisant un reportage avec les photographes Jean-François et Nicolas pour Terre Sauvage. Je n’avais pas pu aller au Sénégal, donc je faisais les interviews d’Haidar au téléphone… il avait un tel don de la parole ! Il était super disponible, même s’il avait fini par me surnommer « Trop-de-Questions » ! Bref il était tellement charismatique que je me suis dit qu’il ferait un sujet de livre génial !
D’où l’idée de l’accompagner sur la route ?
La première fois que je suis allée au Sénégal, c’était pour rencontrer Haidar et écrire un deuxième article sur lui. C’est à travers lui que j’ai connu l’ambiance de l’Afrique de l’Ouest… j’ai été immédiatement dans le bain, en fait. En tout, j’ai dû faire douze voyages au Sénégal, d’une quinzaine de jours chacun, pour des articles et pour suivre sa campagne électorale de 2007. On était constamment sur la route, et c’est comme ça que j’ai appris à le connaître… pendant les trajets en voiture, j’ai découvert beaucoup de choses sur sa vie, sa vie de plongeur aussi, ce que j’appellerais son côté « mer ». Et puis j’ai aussi découvert son côté politique, Haidar le leader. C’est fascinant l’attraction qu’il dégage sur les gens. On est allé partout, de Tambacounda à Ziguinchor, pour rencontrer les leaders écologistes. Il a une conscience immédiate de ce qu’il faut faire et mêle parfaitement les actions de terrain et l’écologie, notamment dans son projet de reboisement de mangroves.
Justement, y a-t-il des initiatives qui vous ont particulièrement séduite d’un point de vue environnemental ?
Comme les ecoprojets d’Ecofund, les initiatives basées sur le savoir-faire local où les choses se font, avancent, avec la participation active et volontaire des populations. Le projet de reboisement des mangroves en Casamance en est l’illustration parfaite. Je me souviens avoir vu les premières plantations et quatre ou cinq ans après, le résultat est réel, le reboisement est là. On va pouvoir re-cultiver le riz.
C’est ce qui vous a plu aussi dans Ecofund ?
En fait, mon espoir, je dirais presque mon rêve, c’est d’arriver à ce que la société civile puisse se passer des liens de dépendance avec les bailleurs, qu’elle puisse être à la fois actrice et financière des projets. Je remarque qu’il y a moins de militantisme, les gens vont moins adhérer à des associations que par le passé… en revanche, donner dès que l’on peut à des actions de terrain, adhérer à cette transparence, c’est retrouver une forme de militantisme.
Our future is green ! Pensez-vous que votre livre a eu un impact ?
Je ne peux pas dire. Je voulais faire un récit vivant sur cet homme qui l’est tellement mais avais peur de me tromper en l’écrivant, d’être inexacte. Or j’ai l’impression que tous les lecteurs ont été agréablement surpris de retrouver vraiment le Sénégal. Je crois avoir été conforme à la vérité. En tous cas, j’espère qu’il sert la cause de Haidar… et qu’il donne envie à d’autres gens d’entreprendre des actions simples, de terrain.
Votre prochain livre ou prochain article, qu’est-ce que ça va être ?
Je viens de terminer en livre qui sortira fin septembre sur l’Islande. Tout est basé sur des entretiens que j’ai eu avec des islandais qui donnent leur propre perception de la nature islandaise et leur investissement dans l’écologie, d’autant plus fort que la crise est passée par là.
Votre mari est aussi photographe naturaliste, à vous deux, quel regard portez-vous sur les urgences liées à la protection de la nature ?
On est exactement sur la même longueur d’ondes dans notre démarche, qui, encore une fois, est une démarche militante, tant dans mes textes que dans ses photos. L’urgence, c’est la protection et la restauration des écosystèmes vitaux pour l’homme. Il faut lutter contre la disparition de tous ces milieux dont l’homme ne peut pas se passer, en luttant contre le déboisement notamment. Et puis, il y a la question cruciale, majeure, de la conservation et du partage de l’eau.
Nous vous remercions.
Bibliographie de Bernadette Gilbertas:
Aux Editions Terre Vivante : Haidar El Ali, itinéraire d’un écologiste au Sénégal (2010)
Aux Editions Nathan : Canyons, au pays des roches rouges (2005); Namibie, le désert de la vie (2003) ; Islande, l’île rebelle (2001) ; Australie, terre du rêve (2000) ;
Aux Editions du Chêne : Nature (2004) ; Images de la création (1999)
Aux Editions Denoël : L’ouest sauvage (1991) ; Islande, de glace et de feu (1990)