Grace à la plongée sous-marine j’ai pu découvrir des habitats marins avec une grande biodiversité. Parmi toutes les espèces, mon attention a été attirée par un gastéropode répandu dans les eaux chaudes et tempérées du monde. Appelé Cymatium perthenopum, celui-ci a une très jolie couleur, et même s’il est comestible, il reste encore mal connu au Sénégal. A première vue, je pensais avoir à faire à une roche tellement sa coquille était envahie par d’autres organismes du milieu, l’aidant à se fondre dans le décor. Mais une fois « démasqué », ce fut difficile de l’extirper de son support tant il y était très bien accroché !
Encore connu sous le
nom de Triton velu ou monoplex velu, en référence à l'aspect poilu du périostracum, la partie la plus externe de
la coquille, le Cymatium perthenopum appartient à la
famille des Ranellides (famille
de mollusques de la classe des gastéropodes, volontiers appelés par les enfants
« les gros escargots de mer »). La coquille est
plutôt massive, de couleur brune,
à bords larges et épaisse : le mien mesurait 116,60 mm. de hauteur et
59,70 mm. de largeur. Les tours sont peu étagées et anguleuses, avec de fines
stries longitudinales. La columelle (bord de la coquille proche de l’ouverture)
est plissée. Le labre (bord extérieur opposé à la columelle) est denté.
Le corps de l'animal blanc crème est tacheté de gros points noirs donnant à l’animal une belle esthétique. Lorsqu'il est replié dans sa coquille, on ne voit que son opercule (pièce cornée ou calcifiée par laquelle les gastéropodes peuvent fermer leur coquille), le protégeant contre ses prédateurs.
Mon spécimen a été échantillonné à 14 m. de profondeur sur des rochers, mais l'espèce se rencontre sur tous les types de fonds, de la zone de balancement des marées jusqu'à 150 m de profondeur.
Le Triton de Naples est un prédateur nocturne : il mange principalement des bivalves, d’autres gastéropodes et échinodermes (groupe d'animaux marins, comme l'oursin, l’étoile de mer etc.). Si j’arrive à me perfectionner en plongée j’aurai peut-être la chance de les observer de nuit !
La fécondation est interne : la femelle pond pendant 4 à 6 jours des œufs dans une capsule en forme de coupe et les couve durant 16 à 18 jours. Le développement larvaire dure la moitié d’une année (175 jours).
Disposant d’une très large distribution géographique, le triton de Naples n’est pas une espèce menacée mais sa biomasse au Sénégal demeure encore inconnue du fait que l’espèce n’est pas encore bien observée. C’est pour cela qu’il faut octroyer des moyens nécessaires aux chercheurs afin d’explorer la faune aquatique sénégalaise, la connaître, pour mieux suivre son évolution. Il reste beaucoup à faire en malacologie (étude des mollusques) au Sénégal pour nous permettre de mieux maîtriser notre environnement. Cela me motive !
La magnifique coquille du triton de Naples est utilisée comme instrument décoratif mais l’espèce est aussi comestible : agréable à manger surtout une fois braisé avec un gout un peu relevé ou tout simplement bouilli dans l’eau !
Certaines études menées sur cette espèce ont montré son utilisation comme bio-indicateur de la pollution marine comme celle par les tributylétain (TBT). Cette substance biocide contenant de l’étain provient essentiellement des peintures anti-salissures appliquées sur les navires et totalement interdites d’utilisation en 2008 (heureusement, car trop nocives pour la vie sous-marine).
Très utilisé dans l’art comme instrument décoratif, notre gastéropode apparaît dans certains tableaux d’art grâce à sa belle coquille. Du fait de son activité prédatrice dans les parcs à huîtres, cette espèce est considérée dans certaines régions comme nuisible. Son exploitation dans la sous-région ouest africaine n’est pas aussi développée.